Affaire Daewoo : l’opposition malgache attaque l’État

CLICANOO.COM | Publié le 30 décembre 2008

Sylvain Amiotte

Dans sa quête de business alimentaire, le conglomérat asiatique convoîte 1,3 million d’hectares (plus de 5 fois La Réunion) dans l’ouest et le nord-est du pays pour y produire du maïs et de l’huile de palme à destination exclusive du marché sud-coréen ou de l’exportation (lire notre édition du 15 décembre).

Les premières informations données à la presse internationale par Yong Nam Ahn, président de Daewoo Logistics (DWL), faisaient état d’un bail de 99 ans accordé à titre gratuit, en contrepartie des seuls investissements dans les infrastructures de production. Face aux inquiétudes de la communauté internationale sur les conséquences d’un tel “deal”, les autorités malgaches répètent qu’aucun contrat n’a encore été signé avec Daewoo. Samedi dernier, les opposants malgaches au pouvoir en place sont montés au créneau lors d’une conférence de presse de la Solidarité des partis et associations politiques d’opposition (SPAP), révèle le quotidien L’Express de Madagascar, qui consacrait sa Une d’hier à ce coup de gueule. “Nous allons faire opposition à cette acquisition de terrain au service des Domaines et porter l’affaire devant l’instance juridictionnelle, dont le conseil d’État”, a déclaré le porte-parole des opposants, Hary Naivo Rasamoelina, du parti Droits humains et démocratie (DHD Madagascar), lequel n’aurait pas mâché ses mots contre le pouvoir en place. L’homme politique “n’a avancé aucune date pour l’introduction de la requête auprès de la juridiction. Il s’est contenté d’affirmer que la saisine du tribunal s’effectuera après l’apposition des signatures sur la plainte”, poursuit le quotidien malgache.

“GROGNE DE LA POPULATION”

Du côté des autorités de la Grande Ile, on continue à botter en touche en affirmant que le dossier n’en est qu’au stade de la prospective. “Le ministre de la Réforme foncière, des domaines et de l’aménagement du territoire, Marius Ratolojanahary, avait déjà essayé d’écarter le pouvoir central de l’affaire”, écrit L’Express. “Il avait déclaré officiellement que tout le monde peut déposer une demande d’acquisition de terrain, avec la superficie qu’il désire, au niveau des services fonciers, sans nécessairement en informer le pouvoir central. Toute demande est ensuite examinée par une commission avant d’être avalisée par le conseil des ministres. Une façon de dire que le pouvoir central n’a pas encore donné son avis sur le sujet.” Le quotidien de la Grande Ile note que “la grogne de la population vis-à-vis de la question est constatée dans différentes circonscriptions concernées dont Brickaville, Toamasina II et Vatomandry”. Visiblement, le dossier semble encore bien opaque aux yeux de la presse locale et des habitants, qui s’interrogent sur les bénéfices réels d’une telle opération pour leur pays. Confrontés à une médiatisation internationale, le gouvernement et Daewoo seraient- ils en train de revoir leur copie sur les conditions et l’ampleur du contrat ? L’affaire devrait vite être tirée au clair, puisque les premiers hectares de maïs sud-coréen étaient annoncés dès 2009 par Daewoo il y a six mois .

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