Madagascar, l'affaire Daewoo confirmée

www.laverite.mg | 16-12-2008

Alphonse Maka

La société Daewoo Logistics Corporation (Dwl) n’est plus en phase de prospection de terrains. Plusieurs demandes ont été déposées au service régional des domaines de Toamasina pour des terrains de plus de 170 000 ha au mois d’octobre dernier. Les procédures semblent avoir été ignorées au grand dam de la population locale. La grogne gagne du… terrain dans le district de Brickaville, Toamasina II et Vatomandry. On craint un soulèvement populaire pour contester la spoliation des terres par des étrangers.

Contrairement aux explications officielles apportées par Daewoo Logistics Corporation sur la situation actuelle de son projet d’investissement dans le secteur agricole à Madagascar, cette entreprise sud-coréenne, a bel et bien déposé des demandes d’acquisition de terrains dans la région Atsinanana. Cette entreprise sud-coréenne, par sa filiale « Madagascar Futur Entreprise Group » (Mfe) sise au 2è étage de l’immeuble Assist à Ivandry à Antananarivo, a déposé le 8 octobre 2008 deux dossiers au service régional des Domaines à Toamasina.

Il s’agit de l’affaire n° 24 293 BRICKA pour un terrain de 94 182 hectares dans le district de Brickaville et de l’affaire n° 24 294 TAM dans le district de Toamasina II, d’une superficie de 33 767 hectares. Dans le district de Vatomandry, une demande a été également formulée par cette société pour l’acquisition d’un terrain de près de 40 000 hectares. En tout, la société

« Madagascar Futur Entreprise Group », pour ses plantations de palmier à huile, à déjà déposé des demandes en bonne et due forme au service régional des Domaines de Toamasina. A vrai dire, cette société sud coréenne n’est plus en phase de « prospection de terrains afin d’identifier les terrains cultivables », mais, tout au contraire, elle est déjà dans une phase plus avancée. Dans la région Melaky, plusieurs terrains ont également été demandés par la société Mfe.

Procédures exceptionnelles ?

Malgré l’immensité des terrains demandés par cette société étrangère, les dossiers sont tenus top secret. C’était après la publication de cette information dans les médias étrangers et locaux que cette affaire a été étalée au grand jour. Toutefois la célérité du traitement des dossiers des Sud-coréens a suscité beaucoup de commentaires. En fait, ces dossiers n’ont pas suivi les procédures classiques.

Les fokontany et les communes concernées n’ont pas été mis au courant de ces demandes. Or, selon le texte en vigueur (en attendant le nouveau), la carte du premier repérage effectué par les agents du service topographique devrait être affichée, pendant 15 jours au bureau du fokontany, en vue d’une éventuelle opposition. Pire, selon des représentants de la population, ils n’ont jamais assisté aux travaux des membres de commission en leur qualité d’opposants et de voisins. Personne n’est en mesure d’annoncer s’il existe des procès-verbaux de constatation de mise en valeur ou non. Interrogés, les agents du service régional des Domaines de Toamasina ont opté pour le mutisme total. Visiblement, ils craignent des sanctions sévères s’ils divulguent quelques bribes d’information aux journalistes.

Une source généralement informée nous a signalé que le Chef de région ainsi que les districts de Brickaville et de Toamasina II ont déjà émis des avis favorables à ces demandes. Des témoins ont affirmé que des paysans ont déjà mis en valeur les terrains en question. Mais, à cause de leur ignorance, leurs terrains n’ont pas été immatriculés auprès du service des Domaines. En fait, les dossiers des Sud coréens bénéficient d’un traitement exceptionnel.

Quoi qu’il en soit, la tension monte de plusieurs crans dans les zones touchées par les demandes de terrains. Les paysans sont prêts à défendre leurs biens et à s’opposer à toutes formes de spoliation de leurs terrains. Un soulèvement populaire est à craindre si les autorités restent indifférentes à leurs revendications. Parallèlement, des natifs de ces zones commencent à s’organiser pour barrer la route aux Sud coréens. Des zones d’ombre entourent ce projet d’investissement agricole d’une superficie de 1,3 million d’hectares dans l’ensemble de l’île.

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