Socfin pointé pour des pratiques douteuses que le groupe belge conteste

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La culture extensive de l'huile de palme dans le monde pose de gros problèmes de déforestation et certains exploitants ne respectent pas les principes directoires mis en place au niveau de l'OCDE. C'est le cas notamment de la société luxembourgeoise d'origine belge Socfin. Elle vient d'être épinglée par le point de contact national de l'OCDE en Belgique. (Photo : MOHD RASFAN/AFP)
RTBF | 24 novembre 2015

Socfin pointé pour des pratiques douteuses que le groupe belge conteste

Michel Visart

Peut-on tout se permettre quand on exploite des filiales dans des pays en développement? La réponse est non bien sûr, et l'OCDE a mis au point un système qui permet de mettre la pression sur les entreprises qui ne respectent pas un certain nombre de principes directeurs, par exemple en matière sociale ou environnementale. C'est ce qui arrive au groupe d'origine belge Socfin, actif dans le caoutchouc et l'huile de palme.

Les racines de Socfin remontent à la fin du XIXème siècle en pleine période coloniale. Des premiers pas au Congo avec le Belge Adrien Hallet qui seront très vite suivis d'investissements en Malaisie. Aujourd'hui Socfin est un grand exploitant, toujours vendeur d'huile de palme et de caoutchouc. Elle gère une bonne quarantaine de filiales en Europe, Afrique et Asie, toujours dans les mêmes créneaux, le caoutchouc et l’huile de palme.

Qui sont les actionnaires?

Socfin une société de droit grand-ducal, cotée à la bourse de Luxembourg. Avec 38 %, le groupe Bolloré est le premier actionnaire suivi avec 23 % de la société du Liechtenstein Geselfina dont il est évidemment impossible de connaître les propriétaires. Il faut encore mentionner quelques autres structures représentants sans doute les actionnaires belges. Le tout n'est pas vraiment transparent.

Que reproche-t-on à Socfin?

De ne pas avoir respecté des principes directeurs de l'OCDE en matière de conditions de travail et d'environnement. Cela se passe au Cameroun, où l'on parle notamment d'atteinte à l'espace vital des habitants, de privatisation de moyens de subsistance, d’accaparement de terres et même de violence. Des plaintes ont été déposées par des ONG en 2010. Via l'OCDE elles ont été envoyées aux points de contact nationaux (PCN) des trois pays concernés. En France, Vincent Bolloré s'est directement expliqué et il a accepté des améliorations avec contrôle.

Par contre au Luxembourg et en Belgique, le black-out est total. Colette Vanstraelen, responsable du point de contact belge : " On leur reproche de ne pas venir à table pour nous expliquer pourquoi ils ne mettent pas en œuvre les principes directeurs de l’OCDE qui sont acceptés par tous les Etats membres et spécifiquement le plan d'action négocié par les Français pour Socapalm. Il est possible qu’il y ait certains obstacles qu’ils ne souhaitent pas franchir mais il est clair qu’ils refusent de reconnaître la compétence du PCN. Pour eux c’est la société camerounaise Socapalm et l’Etat du Cameroun qui sont les seuls compétents ".

Que dit Socfin ?

Nous avons contacté mardi 24 novembre Hubert Fabri, le président de Socfin par mail via sa secrétaire, la réponse est arrivée très vite: " J’ai fait suivre votre message à Monsieur Hubert Fabri qui me prie de vous informer qu’il n’accorde jamais d’interview et qu’un communiqué à ce sujet est en cours de préparation ; il sera publié dans les prochains jours ".

Le communiqué de Socfin et sa filiale Socapalm a été envoyé à la presse mercredi 25 novembre, soit 24 heures après celui du point de contact. La société "entend formellement démentir les assertions émanant des ONG mentionnés dans ce communiqué, étonnament relayées par le point de contact". Elle affirme respecter les principes directeurs de l'OCDE et le communiqué précise que la Socapalm a écrit au président du point de contact belge en étant prête à toute concertation tout en rappelant que cette concertation doit obligatoirement impliquer l'Etat du Cameroun. Le communiqué explique aussi qu'une plateforme a été créée le 23 septembre 2015 avec la Socapalm, les riverains et l'Etat du Cameroun.

Que risque Socfin ?

L'OCDE parle de "soft law", de loi douce, le but étant d'amener l'entreprise à corriger ses mauvaises pratiques. Vu la non communication totale avec Socfin, le point de contact a transmis le dossier à la Banque Mondiale et à sa filiale, la Société Financière Internationale. Et si Socfin se pointe en Belgique pour un contact avec les autorités, ces dernières seront mises au courant de tout le dossier. Ce n'est pas officiellement une " blacklist ", mais cela y ressemble. surtout, c'est un avertissement pour d'autres entreprises qui opèrent en marge de ces fameux principes. Il reste à voir si travailler sur une base volontaire est vraiment la solution qui permet d’obtenir des résultats concrets. 
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