Quand la Banque mondiale trahit les pauvres

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Un enfant d' Orisunbare Ijora Badia, un bidonville de Lagos qui pourrait être prochainement démoli.
Le Monde |  21.04.2015

Quand la Banque mondiale trahit les pauvres

Sous un ciel blanc et triste, une centaine de policiers armés s’engouffrent dans le bidonville de Badia East, dans la mégapole grouillante de Lagos, au Nigeria. Ils abattent leurs matraques sur les murs et les portes des baraques fatiguées. « Si vous aimez la vie, sortez ! », crient-ils. Des milliers de personnes ramassent ce qu’elles peuvent et s’enfuient.

Une colonne de bulldozers s’avance, leurs mâchoires hydrauliques réduisant les cahutes en miettes. Bimbo Omowole Osobe perd un instant ses enfants dans le chaos. Quand elle revient quelques heures plus tard, sa maison en parpaings a disparu. « C’est comme si j’avais accouché d’un bébé mort-né », dit-elle. En quelques heures, le bidonville est aplati.

Le gouvernement de l’Etat de Lagos a rasé Badia East en février 2013, dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine financé par la Banque mondiale, organisation qui prête des fonds pour lutter contre la pauvreté dans le monde. Les expulsions se sont déroulées sans préavis. Les quelque 9 000 habitants du quartier, qui n’ont pas reçu la moindre compensation, ont été abandonnés à leur sort dans cette ville dangereuse et surpeuplée.

Depuis plus de 30 ans, la Banque impose un ensemble de dispositifs de « sauvegarde » qui, dit-elle, assurent un développement économique plus humain et démocratique. Les gouvernements à qui elle prête ne peuvent mener d’expulsion sans préavis. Et doivent reloger et assurer des moyens de subsistance aux familles chassées d’un site du fait de la construction d’un barrage, d’une centrale électrique ou de tout autre grand projet.

La Banque mondiale s’engage à « ne pas porter préjudice » aux populations ni à l’environnement. Or ces dix dernières années, elle a régulièrement failli à ses engagements, avec de graves conséquences pour certaines des populations les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète. C’est ce que montre une enquête du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), du Huffington Post et d’autres médias partenaires.

Enfreindre impunément les règles

Souvent, la banque néglige de s’assurer à l’avance que les projets prévoient une réelle protection des populations et n’a pas la moindre idée de ce qui leur arrive après. Selon plusieurs de ses employés, anciens et actuels, la Banque Mondiale a continué à prêter à des gouvernements qui avaient porté préjudice à leurs citoyens, laissant ainsi entendre que les emprunteurs pouvaient impunément enfreindre ses règles.

« Souvent, les gouvernements n’ont pas la moindre intention de respecter ces règles – et les responsables de la banque n’ont pas la moindre intention de les faire respecter », note Navin Rai, ancien cadre de la Banque mondiale chargé de la protection des populations autochtones de 2000 à 2012.

En mars 2015, quand l’ICIJ a informé la Banque mondiale qu’il avait trouvé des « failles systématiques » dans ses mesures de protection des familles déplacées, l’organisation a reconnu l’insuffisance de ses contrôles et promis des réformes. « Nous nous sommes penchés très attentivement sur le problème des réinstallations et ce que nous avons découvert me préoccupe profondément », a déclaré Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale.

Combien de « réinstallations involontaires », selon les termes de la banque ? D’après les estimations de l’ICIJ, qui a analysé les documents de la Banque mondiale, ses projets depuis 2004 ont affecté 3,4 millions de personnes – celles-ci ayant été expulsées de leurs logements, leurs terres saisies ou leurs moyens de subsistance détériorés. Des chiffres probablement inférieurs à la réalité, car la banque n’évalue pas toujours ou sous-estime le nombre de personnes affectées par ses projets.

Une cinquantaine de journalistes de 21 pays ont passé près d’un an à mener des recherches sur l’incapacité de la Banque mondiale à protéger les populations mises sur la touche au nom du progrès. Ils ont analysé des milliers de documents de la banque et interviewé des centaines de personnes. Ils ont enquêté en Albanie, au Brésil, en Éthiopie, au Honduras, au Ghana, au Guatemala, en Inde, au Kenya, au Kosovo, au Nigeria, au Pérou, en Serbie, au Soudan du Sud et en Ouganda.

Les mea culpa du Panel d’inspection

Dans ces pays et ailleurs, l’enquête montre que ses manquements ont porté préjudice à de nombreux habitants de bidonvilles, des fermiers et des pêcheurs vivant dans la misère, des populations établies dans des forêts et des groupes autochtones, ne leur laissant pas d’autre choix que de se battre pour leurs logements, leurs terres et leurs modes de vie, parfois face à l’intimidation et à la violence des autorités.

Entre 2004 et 2013, la Banque mondiale et son établissement de prêt privé, la Société financière internationale (SFI), se sont engagés à prêter 455 milliards de dollars pour financer près de 7 200 projets dans des pays en développement. Au cours de cette période, les populations affectées par ces investissements ont déposé des dizaines de plaintes auprès du Panel d’inspection, l’organe de contrôle de la banque.

Pour le cas de Lagos, le Panel a expliqué que la banque « n’était pas parvenue à empêcher les expulsions forcées de populations pauvres et vulnérables ». Il reconnaît qu’elle aurait dû être davantage attentive à ce qui se passait à Badia East, étant donné que ce n’était pas la première fois que les autorités de la mégapole nigériane rasaient un bidonville. La banque, qui, un an après l’évacuation, a contribué à hauteur de 200 millions de dollars au budget de l’Etat de Lagos, a estimé qu’elle n’était pas « impliquée dans les démolitions » et rappelé qu’elle avait recommandé au gouvernement de négocier avec les populations déplacées, ce qui a permis à la plupart des personnes se disant lésées d’obtenir des compensations.

La Banque mondiale a été créée peu après la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis et plusieurs grandes puissances pour favoriser le développement de régions déchirées par la guerre et la pauvreté. Les pays membres financent la banque et votent l’octroi des quelque 65 milliards de dollars annuels de prêts, subventions et autres investissements. En 2014, l’organisation a financé des initiatives diverses et variées, de la formation d’éleveurs de poulets au Sénégal jusqu’à la modernisation de systèmes d’égout en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

« Nous devons et nous allons faire mieux »

En mars, son président Jim Yong Kim a expliqué que, du fait de la demande importante d’infrastructures dans les régions en difficultés – pour améliorer l’accès à l’eau propre, à l’électricité, aux soins médicaux et à d’autres biens et services vitaux –, la Banque mondiale financerait un nombre croissant de grands projets susceptibles de déplacer des populations ou d’avoir des conséquences sur leurs moyens de subsistance.

La banque a également publié un « plan d’action » de cinq pages et demie en anglais dans le but de mieux contrôler les réinstallations. « Nous devons et nous allons faire mieux », a déclaré David Theis, porte-parole de la Banque mondiale, en réponse aux questions de l’ICIJ. La banque entend en effet revoir de fond en comble ses lignes de conduite, notamment une nouvelle politique de sauvegarde qui déterminera son orientation pour plusieurs décennies.

Or pour certains employés ou ex-employés de la Banque mondiale, les modifications proposées risquent de nuire aux populations qu’elles sont censées protéger. À leurs yeux, la dernière ébauche de sa nouvelle politique, publiée en juillet 2014, laisserait aux gouvernements davantage de marge de manœuvre pour décider si les populations locales nécessitent ou non une protection et pour contourner les règles.

« Je suis attristé de voir que des politiques pionnières de la banque sont en train d’être affaiblies et démantelées », a déclaré Michael Cernea, un ancien haut responsable de la Banque mondiale chargé pendant près de vingt ans de la protection des populations déplacées. « Ce sont les plus pauvres et les plus faibles qui en paieront le prix. » La banque dit avoir pris note de ces critiques et prévoit de publier prochainement une nouvelle ébauche intégrant « les sauvegardes environnementales et sociales les plus fortes et les plus modernes ».

À la fin des années 1970, dans l’est du Brésil, une catastrophe a contribué à ce que la Banque mondiale adopte ses premières mesures systématiques de protection des populations vivant sur les sites de grands projets. À l’époque, des inondations en amont du barrage de Sobradinho, construit avec ses financements, ont contraint plus de 60 000 personnes à fuir leurs villages, abandonnant souvent leurs troupeaux à la noyade. Leur relocalisation a aussi été chaotique.

Des managers notés au nombre de projets financés

Ce fiasco a donné à Michael Cernea, le premier sociologue interne de la Banque mondiale, des arguments pour faire adopter, en 1980, de nouvelles règles. Le principe était simple : les personnes qui perdent leurs terres, leurs logements ou leurs emplois à cause d’un projet de la Banque mondiale doivent recevoir une aide suffisante pour retrouver, voire améliorer, leur ancien niveau de vie.

Les gouvernements demandeurs de fonds ont ainsi dû mettre sur pied des plans de réinstallation détaillés pour les populations qui subissent un déplacement physique ou un préjudice économique. Mais de nombreux témoignages indiquent que les efforts visant à faire respecter ces règles sont souvent minés par des pressions exercées en interne en faveur de projets monumentaux. Beaucoup des managers de la banque définissent le succès au nombre d’accords financés. Ils s’opposent donc souvent aux exigences qui multiplieraient les complications et les coûts.

Pour Daniel Gross, un anthropologue qui a travaillé vingt ans comme consultant et employé de la banque, les personnes chargées de surveiller en interne le respect de la politique de sauvegarde ont leur mot à dire. Mais au milieu des pressions pour mener à bien les projets, elles sont souvent ignorées et instamment invitées à « coopérer et aller de l’avant », rapporte-t-il. De fait, un rapport interne de 2014 montre que dans 60 % des cas étudiés, le personnel de la banque n’est pas en mesure de documenter ce qui est arrivé aux populations après leur expulsion.

La plus grande partie des projets financés par la Banque mondiale ne nécessite ni d’expulser des populations locales ni de détériorer leurs moyens de subsistance. Cependant, la proportion de projets qui ont de telles conséquences grimpe en flèche depuis quelques années. L’audit interne de 2012 montre que 40 % des projets en cours impliquaient des mesures de réinstallation – soit deux fois plus que les projets achevés. L’ICIJ a également établi que la Banque mondiale et la SFI multipliaient les méga projets comme les oléoducs et les barrages qui, comme elles le reconnaissent, sont davantage susceptibles de causer des préjudices sociaux ou environnementaux « irréversibles ». Plusieurs études montrent que les réinstallations forcées déchirent les réseaux familiaux et augmentent les risques de maladie. Les populations relocalisées sont davantage susceptibles de souffrir du chômage et de la faim ; leurs taux de mortalité sont plus élevés.

Depuis 2004, les estimations de la Banque mondiale indiquent qu’au moins une dizaine de ses projets ont affecté chacun plus de 50 000 personnes. « Nous réaffirmons la nécessité de continuer de financer des projets d’infrastructure, y compris ceux qui nécessitent l’acquisition de terres et des réinstallations involontaires », commente son porte-parole David Theis. L’organisation dit faire de son mieux pour s’assurer que ses emprunteurs apportent une aide véritable aux populations expulsées. Au Laos, explique-t-elle, les autorités ont construit plus de 1 300 logements pourvus d’électricité et de toilettes, 32 écoles et deux centres médicaux pour les milliers de personnes déplacées par un barrage. « Du fait du soin apporté à la conception des projets et à leur mise en œuvre, les réinstallations involontaires ont pour conséquence une amélioration significative de la vie des populations concernées », poursuit David Theis.

En juillet 2012, c’est une figure peu conventionnelle qui est arrivée à la présidence de la Banque mondiale. Jim Yong Kim, un médecin américano-coréen connu pour son engagement contre le sida en Afrique, est le premier président à ne pas être issu du monde de la finance ou de la politique. Vingt ans plus tôt, il était dans les rangs des manifestants qui, à Washington, exigeaient la fermeture pure et simple de l’organisation parce qu’elle faisait passer la croissance avant l’aide aux populations pauvres.

Les défenseurs des droits humains et les employés de la banque qui travaillent sur la politique de sauvegarde espèrent que la nomination du nouveau président va marquer le début d’une meilleure protection des populations. De fait, en mars, Jim Yong Kim s’est déclaré préoccupé par des « problèmes majeurs » dans le contrôle des politiques de réinstallation. Il a annoncé un plan d’action visant à accorder davantage d’indépendance aux personnes chargées de ce contrôle et une hausse de 15 % du budget alloué aux dispositifs d’application des politiques de sauvegarde. Mais si lui et d’autres responsables reconnaissent des failles, ils nient systématiquement que la Banque mondiale ait une quelconque responsabilité dans les évictions violentes et abusives menées par ses emprunteurs.

En Éthiopie, le Panel d’inspection a pourtant établi que la banque avait enfreint ses propres règles en niant le « lien opérationnel » entre un projet dans la santé et l’éducation, qu’elle finançait, et une campagne massive de relocalisation conduite par le gouvernement éthiopien. En 2011, les soldats menant les expulsions s’en sont pris à des villageois. Des viols et des passages à tabac ont été rapportés, ainsi qu’au moins sept morts. C’est ce que révèlent un rapport de Human Rights Watch ainsi que les personnes victimes de ces expulsions interrogées par l’ICIJ. Jim Yong Kim a déclaré que la banque aurait pu « faire plus » pour venir en aide aux villageois expulsés, mais qu’elle n’était absolument pas en cause.

À Badia East, au Nigeria, la Banque mondiale a emprunté un faux-fuyant. En principe, une population qui estime qu’un projet lui a porté préjudice peut déposer une plainte qui déclenchera une enquête du Panel d’inspection. Mais quand trois habitants de Badia East ont porté plainte, le Panel, au lieu d’ouvrir une enquête, les a redirigés vers un programme pilote de gestion des conflits. Ces trois habitants se sont ainsi retrouvés à négocier directement avec le gouvernement de Lagos.

Dans des e-mails que s’est procurés l’ICIJ, le Panel d’inspection promet à Megan Chapman, juriste au sein de l’organisation qui représente les personnes expulsées, que si la population de Badia East n’était pas satisfaite du résultat, elle pouvait demander une enquête à tout moment. Or les négociations ont mal tourné pour les expulsés. Le gouvernement de Lagos a pointé le fait qu’elles occupaient illégalement les lieux, bien que certaines vivaient là depuis des dizaines d’années. Et il leur a fait une offre à prendre ou à laisser : une petite indemnité contre la signature d’une décharge de tous leurs droits. Pour Megan Chapman, cette offre enfreint la politique de réinstallation de la Banque mondiale parce qu’elle ne donne aux personnes déplacées ni logement ni compensation équivalant à ce qu’elles ont perdu. Les sommes proposées par Lagos pour la démolition de certaines structures sont de 31 % inférieures aux estimations des consultants de la Banque mondiale. « C’est David contre Goliath. Des faibles qui se battent contre un géant », résume la juriste. La banque a « réellement abandonné des personnes vulnérables à leur sort. »

L’offre du gouvernement de Lagos a divisé la population. Le responsable de l’organisation de Megan Chapman, qui estime que c’était la meilleure offre qu’on lui ferait, s’est déclaré satisfait. Mais de nombreux habitants et militants – y compris Megan Chapman – sont contre. Seulement, ils n’ont personne vers qui se tourner.

Les e-mails internes obtenus par l’ICIJ indiquent que, début 2014, la présidente du Panel d’inspection, Eimi Watanabe, faisait déjà pression pour que le panel n’enquête pas sur le rôle de la Banque mondiale dans cette affaire. Ils montrent également que, quand le responsable de l’organisation de Megan Chapman s’est dit satisfait des négociations, Eimi Watanabe a pressé son personnel de publier, avant que le fragile accord ne s’effondre, une note officielle rendant impossible l’ouverture d’une enquête. « Merci de publier une note au plus vite avant que les choses ne partent à vau-l’eau. », écrit-elle le 6 février 2014.

En juillet 2014, deux des trois habitants qui avaient déposé une plainte ont déclaré au panel qu’ils étaient insatisfaits de l’accord et demandé l’ouverture d’une enquête. Le panel a rejeté leur demande et clôt l’affaire. Eimi Watanabe, pour sa part, n’a pas répondu aux questions de l’ICIJ.

Crise identitaire

Alors qu’elle fête son soixante-dixième anniversaire, la Banque mondiale connaît une crise identitaire. Elle n’est plus aujourd’hui la seule à prêter et investir dans les pays en voie de développement et à financer de très grands projets. La Chine, notamment, a créé une banque de développement et persuadé la Grande-Bretagne, l’Allemagne et d’autres de la rejoindre, en dépit de l’opposition des États-Unis.

Ces transformations géopolitiques soulèvent des doutes quant à la capacité – et à la volonté – de la Banque mondiale de protéger vraiment les personnes qui se trouvent sur le chemin du développement. Ses ébauches de nouvelles règles de sauvegarde accordent davantage de pouvoir aux emprunteurs. Dans la version actuelle, les gouvernements peuvent repousser la préparation de plans de réinstallation jusqu’à ce que la banque accorde son feu vert. Ils peuvent également mener leurs propres politiques sociale et environnementale du moment que la banque estime qu’elles sont cohérentes avec les siennes.

Devant les protestations des experts, qui craignent pour les populations, la banque a accepté de revoir sa copie. Le texte doit être publié à la fin du printemps ou au cours de l’été. Pendant ce temps, elle continue d’investir de plus en plus dans des grands projets comme celui de Lagos. Après son expulsion de Badia East, Bimbo Omowole Osobe a passé des mois à dormir dehors, avec pour seul toit sur la tête un filet, dit-elle. Mi-mars, elle a trouvé refuge dans une clinique médicale et passe maintenant ses nuits dans l’espace d’accueil, après la fermeture. Elle a dû envoyer trois de ses enfants chez des proches. « Ce n’est pas bien qu’une famille vive séparée », souffle-t-elle.

Sasha Chavkin, Ben Hallman, Michael Hudson, Cécile Schilis-Gallego et Shane Shifflett

Avec les contributions de Musikilu Mojeed, Besar Likmeta, Ciro Barros, Giulia Afiune, Mar Cabra, Anthony Langat, Jacob Kushner, Jeanne Baron, Barry Yeoman et Friedrich Lindenberg ( traduction de Valentine Morizot)

ICIJ est un réseau de 185 journalistes d’investigation basés dans 65 pays. Il a été crée en 1997 par le journaliste américain Chuck Lewis. Les enquêtes sur lesquelles collaborent les journalistes du réseau portent notamment sur la criminalité transfrontalière, la corruption et la responsabilité des différents pouvoirs.
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