Accaparement massif des terres du Sénégal : Des proportions inquétantes

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L’affectation de 20 000 ha de terres équivalent à un peu plus du tiers de la région de Dakar à des intérêts en majorité étrangers, est le prototype de ce que l’on appelle l’accaparement des terres.
Sud Online | 04/01/2014

ACCAPAREMENT MASSIF DES TERRES DU SENEGAL
Des proportions inquétantes


Cheikh Lamane DIOP

L’affectation de 20 000 ha de terres équivalent à un peu plus du tiers de la région de Dakar à des intérêts en majorité étrangers, est le prototype de ce que l’on appelle l’accaparement des terres. Le projet Senhuile-Senéthanol qui fait actuellement l’objet du courroux des éleveurs dans la zone de Gnith (Nord du Sénégal ), a ravivé les inquiétudes sur ce phénomène.

Par acquisitions massives des terres agricoles, les experts désignent la location, la cession ou l’achat par des firmes ou Etats étrangers de vastes zones cultivables à long terme, souvent entre 30 et 99 ans. Bien qu’historiquement connu, le phénomène a évolué de manière fulgurante dans les années 2000. Selon l’ONG OXFAM, entre octobre 2008 et août 2009, 45 millions d’hectares de terres dans le monde ont été cédées à des investisseurs étrangers avec plus de deux tiers des terres vendues situées en Afrique. Le Sénégal ne fait pas exception à la règle.

Dans un rapport publié récemment, la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) et le Réseau des études dynamiques transnationales et de l’action collective (REDTAC), ont révélé des chiffres effarants en matière d’accaparement massive des terres. L’Etat des lieux indexe un phénomène d’acquisitions massives des terres agricoles qui a pris des proportions inquiétantes depuis 2000 et touche toutes les localités du Sénégal. Ce sont les terres les plus fertiles qui sont visées ainsi que le domaine agropastoral de la zone sylvo-pastorale. Les acquéreurs ont des profils divers et sont des personnes physiques et morales, aussi bien nationales qu’étrangères.

Au Sénégal, les activités des acquéreurs vont de la concession minière avec l’australienne MDL, bénéficiaire de superficie de 445,7 km² le long de la Grande côte sénégalaise, au démantèlement de déchets toxiques de navires pour l’espagnole Ferrometal sur le littoral de la région de Louga. Mais, c’est surtout la course vers les terres agricoles enclenchée par les politiques, avec notamment le lancement de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (GOANA) et le REVA (Retour vers l’agriculture) qui a contribué à aiguiser les appétits. Ainsi, les superficies octroyées à des multinationales, des Etats étrangers, des hommes politiques, des marabouts et autres sont évaluées à près de 844 976 ha. Soit un peu plus du quart des 3,8 millions d’hectares de terres cultivables (20% de la surface du pays).

Or, confient les experts, 2,5 millions d’hectares de ce potentiel sont déjà mis en culture ; ce qui s’approche d’un niveau de saturation avec un taux de 65%. C’est dans ce contexte que se multiplient les litiges fonciers, avec de forts relents de corruptions impliquant élus locaux et personnes investies du contrôle de légalité.
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