À quel point est-il difficile de dire « Nous ne tolérons aucun abus » ?

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Oxfam | 18 octobre 2013

À quel point est-il difficile de dire « Nous ne tolérons aucun abus » ?

Pour une entreprise, est-ce tellement ardu de déclarer « nous ne tolérons aucune violation des droits humains » ? Prenons l’exemple d’une entreprise multimillionnaire qui dépend de la qualité de ses relations publiques à travers le monde. À coup sûr cette entreprise voudrait s’assurer que tout le monde sache qu’elle ne tolère absolument aucun accaparement de terres dans sa chaine d’approvisionnement, par exemple.

Et pourtant, de manière surprenante et dramatique, nous ne parvenons pas à ce qu’une seule des dix grandes entreprises de l’agroalimentaire fasse une déclaration de ce genre. En fait, pour des sociétés jouant tellement le jeu du marketing, elles sont restées bien silencieuses en la matière.

On ne peut pas prétendre qu’il n’y a aucun problème

La semaine dernière, la campagne « la Face cachée des marques » s’est tournée vers les trois plus gros acheteurs et producteurs de sucre : Associated British Foods, Coca-Cola et PepsiCo. En fait, nous avons demandé aux dix entreprises figurant sur la fiche d’évaluation de la Face cachée des marques d’améliorer leurs politiques relatives au foncier. Nous nous sommes concentrés sur 3 géants du sucre en raison de leur immense influence et du fait que le secteur sucrier, en raison de sa croissance, est de plus en plus susceptible d’entraîner des conflits fonciers.

Nous avons publié un rapport et rencontré les entreprises. Coca-Cola et PepsiCo ont fait des déclarations publiques. Nous y avons répondu.

Coca-Cola

Coca-Cola a dit à plusieurs reprises « demander à ses fournisseurs de reconnaitre et de protéger les droits des communautés et des peuples autochtones afin de maintenir leur accès à la terre et aux ressources naturelles ». La société a aussi déclaré à Mint Press News avoir soumis une proposition à Oxfam qui « souligne des domaines clés d’action concrète, en ce compris des évaluations d’impact potentiel et un plus haut niveau de transparence dans sa chaine d’approvisionnement ». Tout cela est vrai – mais loin d’être suffisant.

Nous exigeons que Coca-Cola reconnaisse que les conflits fonciers constituent un grave problème dans le secteur. Nous voulons qu’elle s’engage à mettre en œuvre le principe du consentement libre, informé et préalable dans l’ensemble de ses opérations. Il est nécessaire qu’elle publie les informations relatives à ses fournisseurs et volumes d’approvisionnement de sorte que les communautés touchées soient mieux informées pour pouvoir communiquer avec Coca-Cola. D’autres lacunes subsistent également – notamment des engagements en matière de transparence des marchés et de règlement équitable des litiges. Coca-Cola a encore du chemin à parcourir.

PepsiCo

PepsiCo affirme prendre ces problèmes très au sérieux et être engagée en faveur de la responsabilité sociale. Cette société a immédiatement rediffusé son rapport annuel de durabilité publié le mois dernier. Néanmoins, nous n’y avons vu aucun signe d’une politique globale en matière de foncier digne du XXIe siècle. PepsiCo peut être leader en la matière, comme elle l’a été il y a quelques années en prenant le risque de reconnaître le droit à l’eau comme droit humain. Elle pourrait donc agir de même pour la terre.

Associated British Foods

ABF a repoussé notre appel à améliorer ses politiques et à faire preuve de davantage d’ouverture sur la manière exacte dont elle respecte les droits fonciers. Fait encourageant, elle a admis l’importance de s’associer et de négocier avec les communautés locales dans ses activités sucrières. Nous exigeons qu’elle suive ces principes dans l’ensemble de ses activités et traduise ses paroles en actes. Il est nécessaire qu’ABF s’engage à une tolérance zéro des accaparements de terres.

Nestlé

Nestlé a mis en avant sa place de numéro 1 dans notre fiche d’évaluation et a fait valoir qu’elle a adopté une nouvelle politique relative au consentement libre, informé et préalable des communautés locales et autochtones pour 12 produits dont l’huile de palme, le sucre et le soja. Si nous reconnaissons les efforts de Nestlé, nous les mettons également en perspective. Nestlé est parvenue en tête du classement mais ne dépasse pas les 61 % - étant tout juste admise dans la catégorie « assez bien ». Et alors que son score en matière de terres a grimpé de 3 à 5, cela maintient toujours l’entreprise dans la catégorie « quelques progrès ». Nestlé a donc encore beaucoup à améliorer.

Danone et Mars

Danone et Mars ont cité leurs engagements en matière de développement durable, mais ce mot est tellement galvaudé qu’il n’est pas évident de comprendre exactement comment il s’applique à une problématique aussi spécifique que celle de la terre. Nous n’avons eu vent d’aucun changement concret de leurs politiques qui leur permettrait de quitter leur piètre score d’1 sur 10 en matière de terres. 

Mondelez, Kellogg et General Mills

Encore plus décevant : le manque complet de commentaires de Mondelez et Kellogg et l’impossibilité totale pour un journaliste brésilien de ne serait-ce que prendre contact avec General Mills.

Unilever

Unilever a, au moins, reconnu que le droit à la terre est fondamental pour le droit à l’alimentation et nous trouvons encourageante son apparente volonté de à mettre en œuvre les directives du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Toutefois, Unilever doit encore accepter de s’engager spécifiquement en la matière comme Oxfam le demande.

Pour une tolérance zéro

Nous demandons aux dix entreprises de s’engager totalement pour une tolérance zéro des accaparements de terres dans l’ensemble de leurs chaines d’approvisionnement et de publier de manière indépendante des études d’impact social, environnemental et en matière de droits humains, particulièrement dans des cas relatifs à la terre. Nous continuons d’insister auprès de ces sociétés pour qu’elles révèlent d’où vient leur sucre et en quel volume. 

Nous sommes convaincus que ces entreprises ont un réel intérêt à prendre les devants sur la problématique des terres avant qu’elle ne les atteigne de plein fouet :

  • Les consommateurs veulent avoir la garantie que leurs aliments et boissons n’ont pas été produits aux dépens de personnes chassées de leurs terres
  • Les investisseurs veulent avoir la garantie que les entreprises savent, communiquent et gèrent les risques dans leurs chaines d’approvisionnement.
  • Les communautés touchées  veulent simplement que leurs droits soient respectés. Les équipes d’Oxfam et nos partenaires l’entendent tous les jours. 

Dites à Coca-Cola, PepsiCo et Associated British Foods (ABF) - et à l'ensemble des géants de l'industrie agroalimentaire - de s’assurer que leur sucre n’entraîne pas d’accaparements de terres.

  •   Oxfam
  • 18 October 2013
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