La Chine convoite le grenier à blé ukrainien

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Le Monde | 3 octobre 2013 
 
ÇA PEUT ARRIVER DEMAIN
La Chine convoite le grenier à blé ukrainien
 
Piotr Smolar
 
La nouvelle a fait grand bruit en Ukraine : Pékin voudrait prendre en location 5 % du territoire de l'ancien grenier à blé de l'Union soviétique, dans la région de Dniepropetrovsk. "L'Ukraine fournira à la Chine une surface initiale d'au moins 100 000 hectares de terres agricoles de qualité (...) pour des cultures et l'élevage de porcs (...). Le projet sera à terme étendu jusqu'à une surface de 3 millions d'hectares", rapportait récemment le South China Morning Post, quotidien de Hongkong.
 
L'information explosive, démentie par les autorités ukrainiennes, a obligé la société KSG Agro à publier un communiqué. La société a signé fin mai une lettre d'intention avec la Xinjiang Production and Construction Corps. La compagnie chinoise s'engage à construire un système d'irrigation sur 3 000 hectares, en 2014. Il s'agirait de la première étape d'une coopération qui pourrait s'avérer très bénéfique pour les deux parties. La Chine ne dispose pas d'assez de terres agricoles pour nourrir son immense population. Elle doit donc chercher des partenaires étrangers. Or l'Ukraine a un potentiel extraordinaire, avec ses fameuses terres noires, mais des infrastructures défectueuses. Son secteur agricole a besoin de près de 10 milliards de dollars d'investissements, à commencer par le système d'irrigation.
 
"Il y a un vrai besoin d'investissements dans la rénovation des équipements, notamment dans la zone à risque qui traverse le pays d'est en ouest, explique Jean-Jacques Hervé, conseiller au Crédit agricole à Kiev et éminent spécialiste du secteur. On y enregistre moins de 350 mm de pluie en moyenne, avec un risque de sécheresse une année sur quatre. Or, avec l'irrigation, on peut augmenter le rendement du maïs de deux fois et demie." Avec une meilleure productivité, les marges seront plus grandes et il sera possible de rembourser le crédit contracté pour ces infrastructures. Les Chinois, eux, comptent importer de grandes quantités de maïs et de tournesol.
 
Programme de partenariat
 
Ce rapprochement entre l'Ukraine et la Chine s'esquisse depuis plusieurs années. En juin 2012, la Chine a consenti à l'Ukraine un prêt de 3 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros) pour des investissements agricoles. Cette proximité a été confirmée début septembre, à l'occasion d'une visite à Pékin du premier ministre, Mykola Azarov. Un programme de partenariat stratégique jusqu'en 2017 est à l'étude.
 
Pour l'heure, le secteur agricole ne représente que 5 % des échanges commerciaux. Mais les exportations de produits agricoles ukrainiens vers la Chine sont en forte hausse. Les projets d'investissements chinois pourraient permettre à l'Ukraine de disposer de nouveaux silos, de navires de transport de marchandises, d'ascenseurs portuaires dernier cri.
 
Des négociations sont également en cours entre les gouvernements des deux pays pour étendre la gamme de produits agricoles autorisés à être introduits en Chine. Un protocole d'exigences phytosanitaires portant sur l'orge et le soja pourrait être signé avant la fin de l'année, puis en 2014 pour le blé et le colza.
 
Pour l'heure, il n'est pas question de pouvoir vendre ou acheter des terres agricoles en Ukraine, une question politique explosive. Un moratoire a été prolongé jusqu'à la fin 2014 ; il est peu probable qu'il soit discuté avant l'élection présidentielle de 2015. Les grands groupes concentrent leurs moyens financiers dans la modernisation de leurs infrastructures. Et ils n'ont pas les moyens de racheter les surfaces qu'ils cultivent en location.
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