«Comment Macky et Abdoul Mbaye nous ont permis de relancer le projet»

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Gora Seck
GFM | 29 Mars 2013

Gora Seck, Président du Conseil d'administration de Sen/Huile - Sen/Ethanol 
«Comment Macky et Abdoul Mbaye nous ont permis de relancer le projet»

Le président du Conseil d’administration (Pca), Gora Seck, de la société Senhuile/Senéthanol qui exploite un site sur la forêt déclassée de Ndiael, à Saint-Louis, revient sur les grandes lignes et les retombées économiques du projet qui suscite beaucoup de réactions de la part de certaines populations locales. 

Est-ce que le départ du Président Abdoulaye Wade n’a pas handicapé la bonne marche du projet ?

Au début, les installations étaient situées à Fanaye. C’est la communauté rurale de Fanaye qui avait attribué, lors d’une de ses sessions, une délibération de 20 000 ha contre lesquels Senhuile-Senéthanol avait versé 500 millions de F Cfa au Trésor de Podor, représentant les frais de bornage. Les délibérations du Conseil rural de Fanaye avaient été validées par le Sous-préfet de Podor. Le groupe a engagé des investissements d’un montant de 5 milliards FCfa portant sur les aménagements hydro-agricoles, la construction de trois cités (Logements, terrain de football, base de travail, etc.) et la rémunération des travailleurs. Et c’est après l’exécution du projet à 30% qu’il a été arrêté à cause de violentes manifestations des populations. Les uns étaient pour, les autres contre.

Suite à ces événements, l’ex-président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait, par le décret 2012-367 du 20 mars 2012, accordé un autre site dans la forêt classée de Ndiael, déclassée par ledit décret.

Quelle est la position du régime actuel par rapport au projet ?

Dès son arrivée au pouvoir, le Président Macky Sall avait décidé d’abroger tous les décrets signés par son prédécesseur entre les deux tours, avant de les confirmer dans un autre acte référencé sous le numéro 2012-822 du 6 août 2012. C’est ce décret accompagné d’une correspondance du Premier ministre (Ndlr : Abdoul Mbaye) qui nous a permis de relancer nos activités. Aujourd’hui, l’exécution du projet se déroule en trois phases.

Il y a d’abord une production de graines de tournesol destinée en partie à l'exportation. Le maïs, l'arachide et l'autre partie des graines de tournesol, destinée au marché local. Les résidus de la production sont transformés en aliment de bétail et distribués gratuitement aux éleveurs résidant dans la localité qu'occupe le projet. Une partie restante sera transformée en énergie.

Qui sont derrière le projet de Senhuile-Senéthanol ?

Le projet agro-industriel a été lancé au Sénégal en 2011 par des Sénégalais, en partenariat avec des sociétés américaine et italienne. Les bailleurs du projet sont des Sénégalais avec d'autres partenaires étrangers. Nous ne faisons que protéger nos biens et vous savez que des personnes connues ont menacé de mort des acteurs du projet. D'ailleurs, nous avons déposé une plainte qui suit son cours. Récemment, nos locaux ont été incendiés par des jeunes qui ont été condamnés, entraînant des pertes de plusieurs millions de FCfa. Maintenant, les forces de l’ordre et des chiens assurent la sécurité des employés et des locaux. Le concepteur du projet, d'origine israélienne, a déjà réalisé d'autres projets plus importants au Brésil, en Guinée, etc.

Est-ce que le projet n’a pas d’incidence sur l’environnement des populations environnantes ?

Le projet comporte un volet environnemental important, notamment en ce qui concerne la préservation et la restauration des sols salins. A cet effet, le projet a permis la désalinisation d’une partie des terres de la Vallée jusque-là impropre à l’usage agricole. A titre d’exemple, une surface de 400 hectares est livrée à la riziculture. De même, les rotations culturales entre céréales et les légumineuses permettent une meilleure préservation de la qualité des sols. En outre, aucun pesticide chimique n’est utilisé. La fertilisation est faite avec des engrais biologiques. Le désherbage est volontairement effectué manuellement. En effet, l’usage de machines pour cette tâche aurait réduit le nombre d’emplois, donc le pouvoir d’achat des populations locales.

Quels sont les actes que vous êtes en train de poser pour faire l’unanimité des populations autour du projet ?

Nous menons une campagne de reboisement de la forêt et une protection d'animaux sauvages et espèces végétales, en partenariat avec la Fondation Friends Of Africa. Par ailleurs, l’usage d’Ogm est prohibé dans le cadre du projet, un contrôle strict étant effectué par le Bureau Veritas, alors que Greenfield dresse le bilan énergétique et écologique par rapport au crédit carbone.

Un accord a été signé avec l’Office du Lac de Guiers pour la construction d’un canal avec un débit de 10 m3 par seconde, destiné à l’alimentation de la réserve d’oiseaux de Ndiael et ce, dans le but de préserver la biodiversité.

Pouvez-vous nous parler des grandes lignes de la convention entre l’Etat et Senhuile-Senéthanol ?

Senhuile accompagne l’Etat du Sénégal dans la reconstitution du capital semencier. A cet effet, une convention a été signée avec l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) pour l’accompagnement technique. Elle va aussi produire de l'énergie verte (340 mégawatts), destinée à la consommation locale.

Il y a la production de patates douces destinées à être transformées en sucre, éthanol, aliment de bétail et amidon, toujours destinés au marché local. Enfin, la dernière phase devrait intervenir pour accompagner la transformation du surplus de production de viande et de lait issu de l’élevage intensif. En clair, le projet devra contribuer à intensifier l’élevage en promouvant la sédentarisation des éleveurs et l’amélioration des produits d’origine animale.

Pourquoi ce projet suscite beaucoup de réactions ?

Le projet a un impact réel sur le développement économique de la région, avec la création de 5 500 emplois, dont 2 500 à 3 000 seront déjà opérationnels d’ici la fin de 2013. Aujourd’hui, il y a 500 journaliers sur le site et 80 permanents, sans oublier les emplois indirects (restauration, transport...). Au niveau macro économique, l’exportation de produits agricoles va générer des recettes pour l’économie nationale et atténuera le déficit de notre balance commerciale.

Dans le secteur de l’énergie, le projet contribuera à réduire le déficit énergétique en fournissant de l’électricité à moindre coût.

Sur le plan social, Senhuile-Senéthanol consacre un budget annuel au volet social, avec la mise en place d’un centre de santé déjà fonctionnel qui traite gratuitement toute la population de la zone du projet. La gratuité des soins, des médicaments et des analyses est aussi assurée. Une campagne de vaccination contre la bilharziose a été menée dans tous les villages de Keur Momar Sarr et Colonat. Un programme de construction d'écoles et de «daaras modernes» a été enclenché, en plus de la dotation de fournitures scolaires pour les élèves de l’ensemble de l’Inspection départementale. Un programme de renforcement de capacité a été initié pour les femmes, avec la dotation de machines à coudre. Le transfert de technologies est aussi opéré dans le domaine de la mécanique et de la conduite d’engins agricoles au profit des jeunes.

D’autres actions ont été menées comme la construction de murs de clôture des cimetières de la zone du projet, la construction de toilettes écologiques, des «daraas» modernes à Médina Mountaga, etc.

Il y a aussi la pisciculture qui permet la production de poissons et de crustacés au profit des populations locales. Nous allons également, dans un futur proche, entamer la construction d'éco-villages qui auront en leur sein des terrains de jeux pour la jeunesse, un centre polyvalent pour les femmes et un centre de santé.

Mamadou SECK

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