Accaparement des terres: La nouvelle bataille de la société civile au sud-ouest

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L’objectif du film au départ était de porter sur la place publique la voix de ces milliers de personnes qu’on étouffe dans l’arrière pays
La Nouvelle Expression (Douala) | Mercredi, 12 Septembre 2012

Accaparement des terres: La nouvelle bataille de la société civile au sud-ouest 

Écrit par Lindovi Ndjio  
 
Un film documentaire vient d’être produit par la société civile sur la polémique. «Prendre mes terres c’est prendre ma vie ; je me battrai jusqu’à mon dernier souffle», «aucun lopin de terre ne sera cédé à qui que ce soit»,… Les menaces de trouble à l’ordre public ne sont pas voilées dans le film Les palmiers de la colère.

Un film qui vise à démontrer l'effectivité du projet dans le Département de Ndian et du Koupe-Manegouba et ses conséquences déjà perceptibles sur l'environnement et la vie des communautés riveraines, «dans l'illégalité». Mieux, le film est essentiellement orienté vers la dénonciation de la cession de 73.000 hectares de ces terres par l’Etat du Cameroun, à la firme Sgsoc, filiale de la société américaine Heraklès.

Le documentaire réalisé par Franck Bieuleu et co-produit par Reluffa (Réseau de lutte contre la faim) et le Centre pour l’environnement et le développement (Ced), est une nouvelle phase du combat que les producteurs ont engagé contre ce qu’ils appellent «braderie» des terres pour un projet présenté comme n’étant pas nécessairement utile pour le Cameroun. Non seulement parce qu’il est démontré dans le long métrage que la Cameroon development corporation (Cdc), Pamol et les productions familiales en matière d’huile de palme, «sont largement suffisants pour les besoins du Cameroun», mais aussi et surtout parce qu’il n’ya plus assez de terres pour un tel projet.

Les sources rencontrées sur le terrain crient à l’injustice. Elles qui ont déjà vu leurs terres restreintes avec le sanctuaire de Bayang Mbo, la réserve de Bakossi, korup forest,… disent n’avoir jamais été associés aux transactions : «ce champ m’a été légué par mon père. Ma famille vit de son exploitation», raconte un jeune homme, la trentaine sonné, présentant une cacaoyère dans laquelle on produit beaucoup d’autres produits tels que la kola, la manque sauvage. «Ils sont venus délimiter l’espace où je ne vais plus accéder», enfonce-t-il. «Nous vivons de ces terres, qui ne sont même plus suffisantes pour nous, à cause des réserves et autres. Que ferons-nous de nos enfants ? Ça veut dire qu’ils n’auront pas où aller», ajoute pour sa part un chef traditionnel. Et ce sont 47 villages qui en sont concernés, précise-t-on. Et «on ne nous a même pas dédommagés», se plaint un chef traditionnel local. «Les terres sont cédées à des coûts insignifiants, 250F et 500F pour l’Etat, par rapport à d’autres terres ailleurs et même au pays», mentionne-t-on.

Le film pèche par son déséquilibre. «Vous donnez l’impression que tout le monde là-bas est opposé au projet, ce qui est curieux», reproche l’honorable Essola Etoa, député à l’assemblée nationale. Si le réalisateur argue brandit le renfermement des accusés qui ont refusé de passer à la barre, arguant ne pas pouvoir s’exprimer sur le sujet sans l’aval de la maison mère aux Etats-Unis, les producteurs sont prêts à assumer ce déséquilibre : «avant la sortie de ce film, on n’entendait qu’un seul son de cloche ; l’objectif du film au départ était de porter sur la place publique la voix de ces milliers de personnes qu’on étouffe dans l’arrière pays», explique Brendan Schwartz, expert à Reluffa. Lequel dénonce par ailleurs le retrait de l’entreprise en question, du Rspo, l’instance de dialogue sur ces questions de projets. «Cela prouve que l’entreprise n’est plus disposée à dialoguer avec qui que ce soit». Surtout que «le gouvernement n’a plus l’intention de reculer, car lors d’une réunion que le Premier ministre a tenue sur cette affaire, j’ai compris dans ses propos que le gouvernement n’a aucune concession à faire et que quel que soit les réactions, le gouvernement donnera nos terres à Sgsoc», se révolte M. Ngwesse, un acteur de la société civile dans le sud-ouest. Ce qui en rajoute à la colère des cibles à déguerpir qui, se disent déterminées à aller jusqu’au bout. A noter également, «ce n’est que le début car les demandent officielles de terres arables par les grandes firmes internationales se chiffrent à près de 3 millions d’’hectares, et si on n’intervient pas maintenant, l’Afrique et le Cameroun en particulier, seront bientôt exposés à de graves crises alimentaires», met en garde Samuel Nguifo, du Ced.

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