Déclaration de Douta Seck contre l'accaparement des terres

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DECLARATION DE DOUTA SECK CONTRE L’ACCAPAREMENT DES TERRES

Nous, Organisations Paysannes et de la Société Civile sénégalaise, Représentants des populations victimes d’accaparement de terre, reconnaissant la participation des représentants des élus locaux, des mouvements sociaux et médias du Sénégal, structures de recherche, institutions du gouvernement sénégalais et partenaires au développement, réunis à Dakar, à la Maison de la Culture Douta Seck, le 29 mai 2012 pour le « Forum de réflexion et de partage sur la problématique et les enjeux d’une politique foncière, levier d’un développement rural durable » organisé par Enda Pronat avec l’appui de la Fondation Rosa Luxembourg,

Constatant que :
- l’agriculture familiale assure l’essentiel de la production vivrière et occupe une place stratégique au sein des communautés, sur le plan économique, environnemental, socioculturel et territorial ;
- les exploitations familiales rurales qui portent cette agriculture vivent dans l’insécurité foncière malgré le rôle important qu’elles jouent dans l’économie et la sécurité alimentaire au Sénégal ;
- le manque de financement et de clarté des politiques agricoles et foncières ne permet pas aux agriculteurs locaux de mettre en valeur leurs terres ;
- l’Etat, à travers ses programmes comme la GOANA, le Plan REVA et le Programme biocarburant, a favorisé l’agrobusiness en facilitant l’accaparement de terres par des détenteurs de capitaux nationaux ou étrangers ;
- l’accaparement des terres concerne près de 670 000 ha[1], soit environ 30% des surfaces arables disponibles au Sénégal, dont près de la moitié destinée à des nationaux ;
- les terres sont affectées en violation de la loi et sans une concertation véritable avec des populations
- ces terres octroyées sous prétexte de lutter contre l’insécurité alimentaire, sont exploitées par d’autres pays pour satisfaire leurs besoins en agro carburants et denrées alimentaires.

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Estimant que l’accaparement des terres :
- favorise une transformation des agriculteurs en ouvriers agricoles sous payés, qui seront demain dans l’incapacité d’assurer un avenir à leurs enfants,
- fragilise l’agriculture familiale tout en renforçant la discrimination des pasteurs, des femmes et des jeunes dans l’accès à la terre,
- entraîne une déforestation et une sur utilisation des ressources naturelles, notamment hydriques, au détriment des utilisateurs locaux.

Considérant que :
- la terre est une ressource d’abord sociale, culturelle et identitaire ;
- les populations sont les usagers légitimes des ressources de leur terroir et qu’elles sont prêtes à mourir pour les défendre ;
- la Loi sur le Domaine National reste ineffective et controversée
- des textes régissant le foncier sont violés de manière flagrante et régulière ;
- les populations ont le droit de participer à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques;
- la définition d’une nouvelle politique foncière et une loi de réforme foncière, telle que prévues par l’article 23 de la LOASP, reste à plus que jamais d’actualité ;

Nous, Organisations Paysannes et Organisations de la Société Civile, revendiquons :
- un arrêt immédiat des accaparements de terres et un état des lieux des transactions ;
- la restitution des terres accaparées aux populations concernées ;
- une gouvernance locale plus démocratique, plus respectueuse des droits humains en harmonie avec la nature;
- une réforme issue d’un processus inclusif qui permet une sécurisation foncière des exploitations familiales et facilite l’accès des femmes et des jeunes à la terre ;
- la définition et la mise en œuvre de politiques agricoles définies de manière concertée qui soutiennent de manière efficace les exploitations familiales rurales tout en permettant aux femmes et aux jeunes de disposer de moyens de production conséquents.

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Nos engagements
- Nous, structures paysannes, nous nous engageons à travailler pour une meilleure efficacité des exploitations familiales pour des résultats plus probants sur l’importante question de la sécurité et de la souveraineté alimentaires. Par nos efforts personnels, une meilleure organisation et un partenariat plus ouverts, nous nous engageons à renforcer les grands acquis de l’agriculture familiale par l’innovation, les échanges et le renforcement de capacité.
- Nous, partenaires stratégiques, organisations de la société civile, mouvements sociaux et instituts de recherche ici présents, nous nous engageons à accompagner sur le plan institutionnel et opérationnel, les paysans et leurs organisations pour une agriculture familiale saine et durable susceptible de relever les défis alimentaires, sociaux, économiques et environnementaux auxquels ils font face.
- Tous présents dans ce forum, Organisations Paysannes, Organisations de la Société Civile, mouvements sociaux et instituts de recherches, nous nous engageons à lutter de manière acharnée contre l’accaparement des terres. Nous nous engageons à nous mobiliser à fond dans une dynamique de promotion de l’agriculture familiale sous tendue par le respect de l’environnement, de la justice sociale et de l’équité.

Dakar, le 29 mai 2012

[1] Chiffres Actionaid, Pronat, IPAR

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