Forum sur l’accaparement des terres : Réactions des participants

Office du Niger

Le Républicain | 24/11/2010

Le forum sur l’accaparement des terres de l’Office du Niger a suscité de vives réactions. Certaines autorités administratives et locales, selon nos sources, ont tenu à contrecarrer l’initiative. Des représentants de l’Office du Niger sont allés jusqu’à traiter certains membres de la société civile de menteurs, alors que plusieurs participants se plaignaient d’une désinformation qui leur cachait la réalité des faits. Nous avons recueilli l’avis de certains participants.

Ibrahim Coulibaly, président de la CNOP

‘’ La situation est extrêmement préoccupante. Aujourd’hui, il y a des engagements qui ont été pris par le gouvernement du Mali. Les projets les plus avancés sont ceux situés à Kolongo et les projets de Malibya sur 100.000 hectares. La manière dont les projets ont été conduits est vraiment sujette à problème, car les communautés n’ont pas été associées aux projets. Il n’y a pas eu de dialogue, ni négociations. La société est venue, a commencé des aménagements et a entrepris des destructions sur les cultures, les plantations de mangues, bananes, périmètres maraîchers des femmes, même des champs de mil. La population ne sait plus quel est son sort. Les gens doivent être déplacés. On n’a pas prévu de leur donner des terres pour qu’ils puissent continuer leurs travaux. D’autres projets sont en cours. Les problèmes sont à peu près les mêmes un peu partout. Ce sont des projets conçus contre les droits élémentaires des populations paysannes de ces zones. Le code domanial du Mali reconnaît que les populations qui vivent sur des terres ont des droits sur ces terres. On est en train de faire croire que les investisseurs sont la solution. Or le Mali a de l’eau et des ressources importantes. Si nous ne faisons rien, ce sera le désordre total. ‘’

Nouhou Lah, représentant du PDG de l’Office du Niger

‘’ Après près de 8o ans le Mali n’a pu exploiter que 100.000 hectares de l’Office du Niger. On ne peut progresser, car les aménagements coûtent chers. Pour aménager un hectare, il faut 3 à 3,5 millions de Fcfa. Dans la sous-région l’aménagement d’un hectare coûte 8 à 10 millions de Fcfa. Nous sommes arrivés, avec des techniques, à diminuer le coût des aménagements. Nous avons des milliers d’hectares à aménager dans un pays à 80% rural. L’agriculture, c’est la terre, l’eau et le soleil. Nous avons la terre, le soleil et le fleuve Niger, mais le transport de l’eau dans les périmètres irrigués coûte cher. Ils disent que nous avons donné la terre à d’autres. Sur les 100.000 hectares, les populations maliennes sont associées. Tout le monde se rue dans l’agriculture parce que c’est de plus en plus rentable. Nous avons un atout, est-ce que nous n’allons pas l’exploiter et appeler les investisseurs ? La terre malienne n’est donnée à titre foncier qu’aux Maliens. Pour les autres privés, on la leur donne sous forme de bail, c’est-à-dire avec des conditionnalités, pour une période. Dans l’investissement des privés, on prévoit la part des populations locales. A l’Office du Niger, nous avons un décret de gérance. Dans ce décret de gérance, nous discutons avec des représentants paysans. On leur donne l’information qu’ils restituent. Dans les zones vierges, où l’Office n’est pas arrivé, nous travaillons avec les communautés locales. Chacun des paysans va avoir les terres que sa capacité lui permet d’exploiter. ‘’

Mme Oumou Coulibaly, député

Le député est intervenu pour expliquer qu’elle avait reçu à Bamako une délégation des femmes de Samanabougou qui avaient été violentées et emprisonnées, notamment celle qui avait avorté. Elle leur avait fait savoir qu’elle a toujours défendu la cause des femmes qui se battaient pour leurs terres et aussi des paysans. Des émissions avaient été consacrées à ces femmes à la radio Kaïra et des députés les avaient reçues. Oumou Coulibaly a ajouté que lors de ses voyages en France, en Libye et au Venezuela, elle avait parlé au nom de ces femmes travailleuses et brimées.

Baba Dembélé

[photo flickr]

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