Algérie : Mise en concession des terres agricoles

Le Temps d'Algérie | 11-04-2010

Les agriculteurs inquiets

L'annonce du président de la Chambre nationale d'agriculture (Cna), Ould El Hocine Mohamed Cherif, de mettre à nouveau des terres agricoles en concession au profit d'entreprises étrangères, n'a pas été sans provoquer la réaction violente des agriculteurs.

La corporation a accueilli avec réticence ces déclarations, même si des opérations similaires ont déjà été effectuées dans le passé.  La question de la mise en concession des terres agricoles risque d'être sujet à controverses ces prochaines semaines. Selon le président de l'Union nationale des agriculteurs, Gaïd Salah, «la mise en concession de nouvelles terres agricoles est inquiétante à plus d'un titre. Non seulement nous ne connaissons pas les modalités d'un tel projet, mais nous craignons la marginalisation des agriculteurs algériens».

Pour notre interlocuteur, «appeler les étrangers pour leur donner des terres en concession n'est pas une solution. Il faut accompagner les agriculteurs algériens. Les compétences et les moyens existent. Il faudrait juste que les filières soient mieux organisées».

D'un autre côté, M. Gaïd se demande si une nouvelle loi régissant la concession des terres agricoles sera adoptée. Actuellement, la loi 87-19 du 18 décembre 1987 est appliquée et a été retenue lors du Conseil des ministres du 27 décembre 2004.

Pour l'Etat, la mise en concession reste le seul moyen de préserver la vocation agricole de ces terres et ce, en songeant à exercer le droit de préemption. Cependant, cet avis n'est pas partagé par le syndicat des agriculteurs.

Certains observateurs pensent que la mise en concession des terres agricoles n'est qu'une politique de bradage des terres. D'autres la qualifient de pratique néocoloniale, d'autant plus que ce sont les meilleures terres arables qui seront cédées.

La concession est particulièrement pratiquée sur le continent africain où des multinationales ont injecté des millions de dollars pour produire légumes et fruits, voire des fleurs dont leur pays ont besoin et qui profitent également aux groupes de transformation industrielle. 20 ou 25 ans plus tard, ces terres ne sont plus solvables.

Deux organismes ont mis en relief leur inquiétude, à l'instar du Fond international de développement agricole (Fida) et de l'Agence pour l'alimentation et l'agriculture (Fao). Ces agences voient avec scepticisme la mise en concession des terres agricoles. En plus de cela, les populations rurales ne sont pas consultées. Elles sont malheureusement écartées des négociations.

En Algérie, les terres agricoles du domaine privé de l'Etat occupent une superficie de l'ordre de 2,8 millions d'hectares, soit 35% de la surface agricole utile. Plus de 2,5 millions d'hectares ont été attribués à plus de 210 000 producteurs organisés en 96 629 exploitations agricoles collectives et individuelles.

Mehdi B.
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