Appropriation et concentration de droits fonciers à grande échelle-Le cas du Kenya

AGTER | janvier 2010

KENYA

Accaparement des terres.

Mathieu Perdriault

Cet article fait partie d’une sélection de cas retenus par AGTER pour illustrer les phénomènes actuels d’appropriation massive de terre dans le monde. Les informations proviennent dans une large mesure de la presse et la plupart peuvent être consultées sur le blog de GRAIN. Ces informations sont souvent très incomplètes. Nous vous invitons à nous aider à les améliorer en nous envoyant d’autres données, en mentionnant vos sources avec précision par le biais du forum associé à cet article.

Principales caractéristiques de la situation

Acquisition de droits foncier à grande échelle pour la production agricole impliquant des capitaux nationaux et étrangers dans une zone où les enjeux environnementaux, économiques et sociaux sont cruciaux, le delta de la rivière Tana, dans un contexte national d’insécurité alimentaire élevée.

Politique du gouvernement à l’égard des investissements (nationaux et étrangers) Attractive (définition gouvernementale de domaines d’IDE stratégiques et de standards environnementaux)
Échelle des projets d’acquisition de droits fonciers identifiés Plusieurs dizaines de milliers d’hectares
Finalités des projets Production alimentaire (céréales, fruits et légumes) et non alimentaire (jatropha et canne à sucre pour la production d’agrocarburants).
Modalités de production Productions de grande échelle de type industriel
Impacts économiques, sociaux et environnementaux identifiés Assèchement de zones humides renfermant une diversité biologique très élevée (mais non encore classée au titre de la convention Ramsar), conversion de vastes étendues de pâtures communautaires, disparition de points d’eau. 150.000 familles de pasteurs et cultivateurs vivent dans la région concernée. Le déplacement de 22.000 personnes est notamment programmé dans le cadre du projet sucrier.
Contestations sociales Une oppositions sociale aux projets s’est structurée et tente notamment d’user de leviers juridiques nationaux. Elle est appuyée par des ONG internationales.

Description de la situation identifiée

Des investisseurs qatari ont conclu avec le gouvernement kényan un accord qui leur donne la possibilité d’utiliser 40.000 ha de terres dans le delta de la rivière Tana en échange d’une aide financière, sous la forme de prêts à bas taux, qui doit permettre la construction d’un port moderne sur une île voisine du delta (d’une valeur estimée entre 2,5 et 3,4 milliards de dollars).

La principale compagnie sucrière kényane (MSC) a conclu avec l’agence gouvernementale de gestion du site un accord d’investissement prévoyant la mise en culture d’une surface importante (non connue) dans le delta de la rivière Tana en vue de produire des agrocarburants (biodiesel à partir d’huile de jatropha et éthanol à partir de sucre de canne). Une étude d’impact économique, conduite par l’ONG Nature Kenya et la Royal Society of London, a conclu que le projet générera 15 millions de dollars mais engendrera 46 millions de dollars de pertes économiques pour les populations du delta (l’étude n’a pas prix en compte les dommages environnementaux).

150.000 familles d’agriculteurs et de pasteurs vivent dans la région. Si le projet de la MSC est concrétisé 22.000 familles seront déplacées. La société civile s’oppose au projet et tente de faire reconnaître par l’État les systèmes de gestion pastoraux coutumiers dont relève ces territoires de longue date. Des démarches ont été engagées auprès de la justice kényane auxquelles des ONG internationales ont apporté leur soutien.

Un tiers de la population kényane serait en état de sous-nutrition chronique selon le Programme Alimentaire Mondial. La situation alimentaire du pays s’est récemment dramatiquement aggravée à cause d’une sécheresse persistante et de prix des denrées alimentaires très élevés (le PAM en appelait aux dons en septembre dernier afin d’être en mesure d’apporter son assistance à 3,8 millions de personnes).

Voir l’article de présentation des cas sélectionnés, pour plus de détail sur la nature de ce travail, ses limites et son objectif.

Sources

- « Kenya : U.N. Aid Group Notes Food Needs », Associated Press, 18/08/09 ;

- « Kenya : Fears over new land deal », Joyce Mulama, Inter Press Service, 04/07/2009 ;

- « Kénya : les bio-carburants menacent habitants et faune dans le delta », AFP, 14/07/2009 ;

- « India joins « neocolonial » rush for Africa’s land and labour », Dean Nelson, The Telegraph, 28/06/09 ;

- « India cultivates Africa », Dinesh C. Sharma, Mail Today, New Delhi, 25/06/09 ;

- « Kenya at a crossroads », Martyn Drakard, Speroforum , 17/06/2009 ;

- « Kenyan activists fight land deal with Qatar », the National (Nairobi), 05/06/2009 ;

- « Kenya, Qatar land deal questioned », capital Bussiness, 19/05/09 ;

- « Grève du sexe, ventes des terres : les conversations de Nairobi », 04/05/2009 ;

- « Hungry for land, global trends », by Maywa Montenegro, Seed Magazine, 27/04/09 ; - « Case study : Troubles in the Delta »,, by Maywa Montenegro, Seed Magazine, 27/04/2009.
    Posted by: AGTER
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