[Image d'illustration] Des terres agricoles près de Fianarantsoa à Madagascar. Photo : Wikimedia Commons CC BY SA 3.0 Bernard Gagnon
Radio France Internationale | 01/06/2025
Madagascar: un protocole avec une entreprise israélienne réveille la crainte d'une spoliation des terres
À Madagascar, les autorités et l’entreprise israélienne LR Group veulent collaborer ensemble pour la transformation agricole de l’île. Un mémorandum d’entente signé le 25 mai entre les deux parties prévoit un total de 90 millions de dollars investis dans les cultures de riz, de maïs et de soja à travers quatre des 23 régions du pays. L’objectif affiché est d’aider les paysans malgaches à moderniser leur pratique et le pays à atteindre la souveraineté alimentaire. Mais à Madagascar, l’annonce passe mal.
Avec notre correspondante à Madagascar, Pauline Le Troquier
Pour les uns, ce partenariat n’a pas lieu d’être en pleine intensification de l’offensive israélienne à Gaza. D'autres redoutent le scénario d'une spoliation des terres.
L’annonce a ainsi réveillé de douloureux souvenirs et avec eux une hantise : voir des terres malgaches cédées aux étrangers. En 2008, la presse internationale révèle un accord conclu entre l’État et la société sud coréenne Daewoo pour l’agriculture. Marc Ravalomanana, le président de l’époque, est accusé de vouloir vendre le pays aux étrangers. La contestation du projet est menée par l’actuel chef de l’État Andry Rajoelina, alors opposant. Elle participera à la chute de Marc Ravalomanana quelques mois plus tard.
« L’accès au foncier est un sujet très délicat »
Ce projet israélien agite aujourd'hui les mêmes craintes qu’il y a 15 ans explique Serge Zafimahova, analyste politique. « L’opinion publique s’interroge quand même sur cette histoire. Ils se disent "Mais qu’est-ce que c’est que ce double discours?" Ils ne comprennent pas que ceux qui étaient contre le projet Daewoo soient pour le projet israélien aujourd’hui. Il faut avoir conscience que la population est pauvre et le seul capital qu’il leur reste, c’est la terre. L’accès au foncier est vraiment un sujet très délicat ici. »
La secrétaire d’État en charge de la souveraineté alimentaire n’a, à ce stade, pas répondu aux sollicitations de RFI sur la nature du futur contrat. « Il ne s’agit que d’un mémorandum d’entente, qui n’a aucune valeur juridique », justifie Tahian’Ny Avo Razanamahefa. Et d’ajouter : « Je tiens à rassurer la population, les terres resteront malgaches ». Au-delà de l’enjeu foncier, l’annonce indigne une partie de l’opinion publique malgache, à l'heure où de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer l'offensive israélienne à Gaza.
À Madagascar, les autorités et l’entreprise israélienne LR Group veulent collaborer ensemble pour la transformation agricole de l’île. Un mémorandum d’entente signé le 25 mai entre les deux parties prévoit un total de 90 millions de dollars investis dans les cultures de riz, de maïs et de soja à travers quatre des 23 régions du pays. L’objectif affiché est d’aider les paysans malgaches à moderniser leur pratique et le pays à atteindre la souveraineté alimentaire. Mais à Madagascar, l’annonce passe mal.
Avec notre correspondante à Madagascar, Pauline Le Troquier
Pour les uns, ce partenariat n’a pas lieu d’être en pleine intensification de l’offensive israélienne à Gaza. D'autres redoutent le scénario d'une spoliation des terres.
L’annonce a ainsi réveillé de douloureux souvenirs et avec eux une hantise : voir des terres malgaches cédées aux étrangers. En 2008, la presse internationale révèle un accord conclu entre l’État et la société sud coréenne Daewoo pour l’agriculture. Marc Ravalomanana, le président de l’époque, est accusé de vouloir vendre le pays aux étrangers. La contestation du projet est menée par l’actuel chef de l’État Andry Rajoelina, alors opposant. Elle participera à la chute de Marc Ravalomanana quelques mois plus tard.
« L’accès au foncier est un sujet très délicat »
Ce projet israélien agite aujourd'hui les mêmes craintes qu’il y a 15 ans explique Serge Zafimahova, analyste politique. « L’opinion publique s’interroge quand même sur cette histoire. Ils se disent "Mais qu’est-ce que c’est que ce double discours?" Ils ne comprennent pas que ceux qui étaient contre le projet Daewoo soient pour le projet israélien aujourd’hui. Il faut avoir conscience que la population est pauvre et le seul capital qu’il leur reste, c’est la terre. L’accès au foncier est vraiment un sujet très délicat ici. »
La secrétaire d’État en charge de la souveraineté alimentaire n’a, à ce stade, pas répondu aux sollicitations de RFI sur la nature du futur contrat. « Il ne s’agit que d’un mémorandum d’entente, qui n’a aucune valeur juridique », justifie Tahian’Ny Avo Razanamahefa. Et d’ajouter : « Je tiens à rassurer la population, les terres resteront malgaches ». Au-delà de l’enjeu foncier, l’annonce indigne une partie de l’opinion publique malgache, à l'heure où de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer l'offensive israélienne à Gaza.
--
L'Info.re | 03.06.2025
Madagascar : une collaboration agricole avec Israël ravive la peur d’un accaparement des terres
La rédaction
Un accord conclu entre le gouvernement malgache et une société israélienne fait polémique. Les inquiétudes se multiplient autour de la gestion du foncier et du contexte géopolitique.
Ce protocole, signé avec avec une société israélienne et annoncé récemment, vise à relancer l’agriculture malgache. Pourtant, l’initiative divise et réveille de vieux souvenirs encore sensibles. Madagascar et le LR Group ont signé, le 25 mai dernier, un mémorandum d’entente portant sur 90 millions de dollars. Le projet prévoit de moderniser la culture du riz, du maïs et du soja dans quatre régions. L’État affirme vouloir renforcer l’autosuffisance alimentaire et accompagner les petits exploitants agricoles. Toutefois, l’initiative soulève des réserves, en particulier en raison de la nationalité de l’entreprise impliquée, Israël étant actuellement au cœur d’un conflit à Gaza, rapporte RFI.
Ce protocole, signé avec avec une société israélienne et annoncé récemment, vise à relancer l’agriculture malgache. Pourtant, l’initiative divise et réveille de vieux souvenirs encore sensibles. Madagascar et le LR Group ont signé, le 25 mai dernier, un mémorandum d’entente portant sur 90 millions de dollars. Le projet prévoit de moderniser la culture du riz, du maïs et du soja dans quatre régions. L’État affirme vouloir renforcer l’autosuffisance alimentaire et accompagner les petits exploitants agricoles. Toutefois, l’initiative soulève des réserves, en particulier en raison de la nationalité de l’entreprise impliquée, Israël étant actuellement au cœur d’un conflit à Gaza, rapporte RFI.
Le spectre de 2008 ressurgit
Cette annonce ravive le traumatisme de l’accord avec Daewoo Logistics. En 2008, un projet similaire avait provoqué une crise politique. Le président, à l’époque, Marc Ravalomanana avait été accusé de vouloir céder une partie du territoire à une entreprise sud-coréenne. Le rejet massif du projet avait contribué à sa chute, portée par Andry Rajoelina, opposant et aujourd’hui président. Pour une partie de la population, l’histoire semble se répéter. La méfiance reste vive autour de toute initiative étrangère impliquant des terres agricoles.
Des craintes toujours présentes
Selon Serge Zafimahova, analyste politique, les mêmes inquiétudes persistent. Le foncier représente pour de nombreuses familles malgaches leur seul bien. « L’accès à la terre reste une question sensible », affirme-t-il. L’annonce gouvernementale est jugée floue. La secrétaire d’État chargée de la souveraineté alimentaire assure que les terres ne seront pas cédées. Elle rappelle qu’il ne s’agit que d’un accord de principe sans valeur juridique. Mais face au silence officiel sur les détails, la défiance gagne du terrain, d’autant que le contexte international tend à exacerber les tensions.