RD Congo: Violence contre les communautés ayant-droits des groupements Bokala-Wamba et de Yalifombo
Communiqué
Nous, membres du Réseau d'Information et d'Appui aux ONGs en République Démocratique du Congo (RIAO - RDC), tenons à dénoncer la responsabilité de la société Plantations et Huileries du Congo (PHC) dans un nouvel épisode de violence contre les communautés ayant-droits des groupements Bokala-Wamba et de Yalifombo, situés dans la province de la Tshopo, au nord-est de la RDC.
Le 11 mars 2022, les membres de ces groupements ont participé à la marche pacifique de Basoko/Lokutu, organisée par la société civile locale, pour manifester leur mécontentement face aux accaparements des terres et la relance des activités des sociétés d'exploitation minière et forestière illicites et destructrices de l'environnement. Cette marche de Basoko/Lokutu a connu un grand succès et la participation des toutes les couches sociales des communautés affectées par les activités illicites et destructrices de la biodiversité.
En réaction, du 23 mars au 3 avril 2022, la PHC ont fait descendre les gardes industriels (GI) et quelques cadres à Yalifombo et dans le groupement Bokala- Wamba pour mener ce qui s’apparente à des expéditions punitives. En voici les une brève description :
1. Bokala-Wamba (fin mars/début avril):
- Destruction des pots de vin de palme qui constituent la principale source des revenus pour les personnes de 3ème âge.
- Première vague d'arrestation de 9 leaders communautaires dont le chef de groupement libéré après 7 jours.
- Arrestations de 7 autres membres de la communauté pour des raisons non encore élucidées. Les personnes arrêtées sont détenues - plus de 48 heures après leur arrestation - au cachot de la Police Nationale Congolaise à Lokutu en violation des lois de la République, sans la moindre prise en charge, ni droit de recevoir des visites de leurs proches. Aux dernières nouvelles, nous avons appris des sources sécuritaires qu'elles seront transférées à Yangambi au courant de la semaine.
2. Yalifombo (fin mars/début avril) :
- Sévère destruction de tous les champs de manioc des communautés ayant-droits dont celui du chef Iswitele de 2,5 ha, en maturité, et sans prévention, sous prétexte que les communautés victimes ont cultivé dans la concession des PHC.
- Transplantations des jeunes palmiers dans 10 parcelles et menaces de démolition des 10 maisons occupées par les manifestants.
Cette liste n'est pas exhaustive.
Cette liste n'est pas exhaustive.
La pression est très forte sur les communautés ayant-droits et sur toute personne ayant participé de près ou de loin à cette marche. Il nous faut pour ce faire un véritable travail de plaidoyer pour réaliser des enquêtes indépendantes sur ces violations des droits de l'homme et du citoyen, la documentation sur les destructions des champs, maisons et autres biens des membres des communautés et enfin, dresser un rapport préliminaire sur ces violations.
De tout ce qui précède, RIAO-RDC dénonce tous ces actes de brimade et/ou de barbarie perpétrés contre ses membres et appelle les investisseurs à ne plus donner un seul dollar, ni participer aux projets de développement des PHC, une entreprise non respectueuse des droits de l'homme.
RIAO-RDC en appelle à des enquêtes indépendantes pour établir toutes les responsabilités, punir les coupables et remettre les communautés de Basoko/Lokutu dans leurs droits.
Fait à Kinshasa, le 08 avril 2022.
Pour le Réseau d'Information et d'Appui aux ONGs en République Démocratique du Congo (RIAO - RDC)
Jean - François Mombia Atuku
PCA / Manager