Voleurs de terres !

Campagnes Solidaires n° 238 | La Confédération Paysanne | mars 2009

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Proudhon, ouvrier et intellectuel de souche paysanne, écrivait « la propriété, c’est le vol » . Il aurait pu jouter « la propriété, c’est le crime ». Aussi loin que se projette notre mémoire collective, le tranchant de l’épée fut l’argument fondamental de persuasion opposé aux peuples pour s’emparer de leurs territoires, de leur terre. Les guerriers furent très tôt flanqués de prêtres, gourous, prédicateurs, ecclésiastiques en certitudes pour donner l’illusion d’une justification divine, au-dessus de la volonté humaine. Des prières pour oublier les massacres.L’union du sabre et du goupillon a fait florès jusqu’à nos jours où la tradition, sous des justifications embarrassées, se perpétue dans les terres bibliques.

Mais dans notre monde contemporain, où les droits de l’homme font de belles pages d’écritures et la réalité de beaux charniers, les militaires dans le domaine des conquêtes cèdent la vedette aux financiers. Moins sanglantes les forces de l’argent n’en sont pas moins avides d’espaces, elles détroussent et exploitent avec efficacité les populations autochtones.

En agriculture les convoitises de certains pour le champ du voisin sont bien connues, et l’agrandissement, corollaire obsédant, une des causes majeures de la disparition des paysans. L’avidité de la performance a éjà provoqué une nouvelle ruée vers l’Est, où des sociétés espagnoles, autrichiennes, italiennes, françaises, s’emparent en Roumanie, en Ukraine de terres fertiles à des prix bradés.

Mais les bouleversements climatiques avec le spectre de crises alimentaires ouvrent aux fortunés des perspectives attrayantes, d’autant que les convulsions bancaires les amènent à délaisser les placements hasardeux pour investir dans la solidité des terroirs. Ainsi, le Pakistan, la Birmanie, le Cambodge, le Vietnam, le Kazakhstan et bien d’autres, jusqu’au Soudan dont les populations sont affamées, soldent leurs terres aux Émirats arabes, à la Chine, au Japon. Que sera l’avenir quand les terres agricoles de ces pays liquidées contre quelques billets seront contrôlées par des puissances et des investisseurs étrangers, la misère comme futur à la misère ?

Déjà s’élève de partout, en mille langues le cri des peuples. « Gardarem la terrà ! »

Michel Curade,

ancien paysan dans l’Aude
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