L'Afrique, premier continent concerné par les transactions foncières massives

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Un champ de riz de la région de Lofa, au Liberia, un des pays africains les plus concernés par les transactions foncières de grande ampleur (photo d'illustration)
(Michel du Cille/The Washington Post via Getty Images)

RFI | 21-08-2016

L'Afrique, premier continent concerné par les transactions foncières massives

Une société saoudienne envisage l'achat de 120 000 hectares de terre dans la région de Diffa à l'extrême-est du Niger. Alors que les autorités soutiennent que le projet s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire, des protestations s'élèvent contre une opération foncière qui restreindrait les surfaces de culture et d'élevage des agriculteurs locaux. Un consortium d’acteurs de la société civile dénonce une spoliation. Les transactions foncières massives concernent toutes les régions du monde, mais surtout l'Afrique.

Le projet envisage la création de 13 000 emplois, la construction d'écoles, de centres de santé, mais également une centrale électrique de 70 mégawatts. La région de Diffa bénéficiera aussi d’une redevance de l’ordre de 500 millions à 1 milliard de francs CFA par an, ainsi qu’une dividende de 15 %, sans compter les recettes fiscales au profit de l’Etat. Les études de faisabilité et d’identification des sites ont été déjà menées. Reste à conduire les études d’impact environnemental et social.

Quel sera en effet, par exemple, le sort des populations vivant dans les zones concernées par le projet ? Réponse de Meyrou Malam Ligari, président du conseil régional de Diffa : « Ceux-là, ils auront un aménagement pour qu’ils puissent continuer à produire ce qu’ils avaient l’habitude de produire. Parce que nous avons prévu en aval des unités industrielles. C’est pour donner de la plus-value à ces productions au niveau régional. »

De son côté, Moussa Tchangari dirige un regroupement d’acteurs de la société civile qui dénoncent ce projet, estimant qu’il va priver la population de terres qui constituent leurs seules ressources. Il exprime sa crainte : « Tout cela est fait au détriment des petits producteurs, petits éleveurs, petits agriculteurs, les petits bûcherons, les petits pécheurs, etc. ; tous ces gens-là qui vivent des ressources par exemple d’une zone comme la zone de la Komadougou. »

L'Afrique, principal continent concerné par ce genre de transactions financières

Des dix pays les plus concernés par les transactions foncières de grande ampleur, supérieures à 200 hectares, six sont Africains : Soudan du Sud, République démocratique du Congo, Mozambique, Liberia, Soudan et Sierra Leone. L’Afrique représente en effet 40 % des achats de terres, suivie par l’Asie du Sud-Est et la Mélanésie, qui représentent 32 % du total.

Selon l'organisation Land Matrix, qui recense ces transactions foncières dans le monde entier, les Etats-Unis sont de loin les premiers investisseurs, 7 millions d'hectares en 2014, suivis par la Malaisie, les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni, de l'ordre de 3 millions d'hectares chacun. Mais aussi l'Inde, l’Arabie saoudite, le Brésil et la Chine, qui ont acheté entre 1 et 2 millions d'hectares.

Or, selon l'ONU, 80 % de la nourriture consommée en Afrique et en Asie du Sud est produite par des petits agriculteurs locaux. D'où les protestations locales ou émanant d'ONG. Face à la réduction des terres disponibles, elles qualifient « d'accaparement de terres » les transactions contraires aux droits et aux intérêts des populations.

  •   RFI
  • 21 August 2016

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