Rentabilité des actifs réels agricoles

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Agence Economique et Financière à Genève | 12.01.2015

Rentabilité des actifs réels agricoles

Dynagest. La société financière genevoise adopte une stratégie défensive ciblée sur la production laitière en Nouvelle-Zélande.

Les actifs réels liés à l’agriculture – faiblement corrélés aux actifs financiers traditionnels et indexés sur l’inflation – attirent de plus en plus l’attention des investisseurs institutionnels. Les perspectives démographiques et les mutations des régimes alimentaires bousculent une approche de type globale des placements dans les actifs réels agricoles.

Franck Janura, membre du comité de direction chez Dynagest et Andrew Watters directeur d’ACF NZ, partenaire de Dynagest dans le cadre des investissements en actifs agricoles en Nouvelle-Zélande, répondent à nos questions. Il reviennent sur le cœur de la stratégie d’investissement retenue par Dynagest dans les actifs réels agricoles qui se concentre sur l’acquisition d’exploitations laitières en Nouvelle-Zélande.

Franck Janura, pourquoi avoir choisi de vous limiter à la Nouvelle-Zélande pour vos investissements agricoles?

Le modèle adopté en matière de production laitière dans ce pays n’a pas d’équivalent dans le monde. La Nouvelle-Zélande a en quelque sorte fait figure de visionnaire. Au début des années 80, le pays a enclenché un processus de dérégulation du secteur de la production laitière tout en encourageant la création d’une coopérative laitière (Fonterra) qui est aujourd’hui le principal exportateur mondial de produits laitiers. Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande a été le premier pays de l’OCDE à signer un traité de libre-échange avec la Chine en 2008. A titre de comparaison, l’Australie vient tout juste de signer un tel traité bilatéral avec l’empire du milieu.

De plus, les modalités légales d’acquisition d’actifs agricoles en Nouvelle-Zélande intègrent de nombreux éléments environnementaux. Ce cadre légal est bien adapté aux attentes de notre clientèle institutionnelle désireuse de donner un caractère durable et responsable à ses investissements.

Est-ce un choix défensif?

Dans une certaine mesure, oui. Mais, c’est une approche défensive avec laquelle nous sommes tout à fait à l’aise. A titre de comparaison, l’Afrique ou l’Amérique du Sud sont souvent citées comme des régions à forts potentiels agricoles et constituent à ce titre des choix plus «agressifs». Ces régions abritent d’ailleurs le plus important potentiel de terre arable disponible au monde. Les prix des terres agricoles y sont souvent plus bas et les coûts d’exploitation moins élevés. Cependant, ces régions exposent les investisseurs à de nombreux défis que ce soit sur le plan légal, écologique ou sur celui de l’écodéveloppement. Avec la production laitière en Nouvelle-Zélande, il nous semble que nous participons de manière plus durable et responsable aux besoins induits par les mutations des régimes alimentaires et notamment à l’accent mis sur un apport protéiné croissant. A ce titre, et sous de nombreux critères, le lait est un apport de protéines plus durable que la consommation de viande.

La Nouvelle-Zélande est le premier fournisseur de lait à la Chine. Le ralentissement de la croissance économique chinoise n’est-il pas un sujet de préoccupation pour vous?

Nous suivons de très près la transition économique de la Chine. La croissance de la Chine post-maoïste a jusqu’ici largement favorisé les investissements productifs. La transition qui est en train d’être opérée vise à donner plus de poids à la demande interne. Sa consommation domestique pour les produits de base est en constante augmentation avec une classe moyenne qui bénéficie d’un pouvoir d’achat en constante hausse. Cependant, cette transition ne pourra pas se faire sans à-coups et sur certains aspects, la plus faible croissance chinoise de ces dernières années témoigne de la mise en œuvre de cette transition.

Andrew Watters, quelles sont les risques sanitaires liés à ce type d’activité? Comment votre stratégie d’investissement intègre-t-elle de tels risques?

En août 2013, une alerte au botulisme - qui s’avéra être une fausse alerte - a été lancée suite à des examens ayant révélé que la bactérie aurait contaminé des lots de la coopérative laitière néo-zélandaise Fonterra. Le premier ministre néo-zélandais s’est immédiatement rendu sur place pour rencontrer personnellement le président chinois Xi Jinping. Cet épisode montre que le risque sanitaire ne doit en aucun cas être sous-estimé. Il met en évidence l’importance que revêt le secteur de la production laitière en Nouvelle-Zélande et la forte implication des pouvoirs publics en vue de préserver la réputation du pays pour la qualité de ses produits laitiers.

Fonterra, le premier exportateur mondial de lait vient de revoir ses prévisions de prix du lait à la baisse. Comment gérez-vous la sensibilité spéculative sur les matières premières?

Les prix du lait ne sont pas soumis au même potentiel de pressions spéculatives que les autres commodities agricoles étant donné les modestes volumes échangés sur les marchés dérivés liés aux produits laitiers en comparaison avec la production physique de ces derniers. La volatilité des prix du lait n’est pas nouvelle. Au-delà de notre capacité à gérer sur le plan opérationnel ces variations de prix, l’endettement limité de nos exploitations les rend plus robustes dans ce type d’environnement. La révision à la baisse par Fonterra de ses prévisions de prix payés aux producteurs pour la saison en cours se fonde sur la baisse des cours observée depuis le début de l’année. Cette baisse s’explique notamment par le comportement de stockage des acheteurs chinois à la fin de 2013 et en début d’année. Le niveau des stocks accumulés est confronté à un freinage de la demande chinoise. Cette dynamique conjoncturelle ne doit pas faire oublier le potentiel à long terme que revêt la consommation de produits laitiers en Chine et de manière plus large dans les pays émergents.

Interview:
Elsa Floret
Aquila Capital Farms NZ (ACF NZ)


Basé en Nouvelle-Zélande, Aquila Capital Farms NZ regroupe 30 professionnels dédiés à la sélection, la gestion et l’administration de fermes laitières en Nouvelle-Zélande. ACF NZ gère 70 exploitations.

La coopérative Fonterra est le premier exportateur mondial de produits laitiers (essentiellement sous forme de poudre de lait). Elle est le premier transformateur de lait dans le monde avec plus de 17 milliards de litres de lait transformés en Nouvelle-Zélande en 2013.

Le modèle de coopérative nèo-zélandais est régulièrement cité en exemple.

L’exploitation laitière «type» en Nouvelle-Zélande regroupe en moyenne 400 vaches (contre 150 il y a 20 ans). La marge bénéficiaire atteint 45% (contre 15% en Europe). Les exploitations sont en majorité familiales. Un seul fermier est exigé pour 60 vaches. L’acquisition du terrain agricole représente en moyenne 75% de l’investissement de départ, le bétail 15% et les infrastructures 10%. Les retours sur investissement sont de deux ordres : les rendements issus de l’activité de la ferme et l’appréciation de la valeur du terrain. Depuis 1996, le prix du terrain a connu une croissance de 5 à 6% par an.

La Nouvelle-Zélande exporte 90% de sa production laitière. Il bénéficie de conditions climatiques favorables à l’agriculture avec des pluies fréquentes et des températures clémentes tout au long de l’année. Les fermes laitières néo-zélandaises figurent parmi les plus compétitives en termes de coûts de production. L’alimentation des troupeaux se compose essentiellement d’herbe - et non de grains comme aux Etats-Unis - ce qui détermine également le caractère durable de cet investissement. Selon les chiffres de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), la consommation de produits agricoles devrait croître de près de 1.5% par an d’ici 2030. Pour les produits laitiers, la FAO anticipe une croissance supérieure, de l’ordre de 2% par an tirée notamment par les pays émergents. (EF)

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