Le programme des Parcs Agro-industriels, risques ou opportunités pour l’agriculture familiale ?

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Les PAI vont transformer les paysans en ouvriers dans ces grands espaces en voie de création.

La voix du paysan congolais | 3 avril 2014

Le programme des Parcs Agro-industriels, risques ou opportunités pour l’agriculture familiale ?

Le gouvernement vient de lancer le programme des Parcs Agro-Industriels (PAI) qui vise la relance du secteur agricole en RDC. 24 sites qui présentent les potentiels agricoles ont été identifiés et quatre ont été érigés en sites pilotes. Cette initiative qui entre dans la stratégie du développement rural intégré du Gouvernement congolais, soulève quelques craintes de la part des paysans. qui risquent d’être réduits en simples ouvriers des entreprises en voie de création. Ne faudrait-il pas prioritairement renforcer les producteurs agricoles, notamment dans la transformation et les matériels ? La position des organisations de producteurs est partagées.

Ce  programme des parcs agro-industriels repose autour de trois composantes à savoir : le développement des fermes commerciales, l’appui aux petits fermiers vivants dans la périphérie des sites sélectionnés, le développement des coopératives agricoles à haute intensité de capital, technologie et main d’œuvre.

Il vise, à travers ses trois composantes à répondre aux problèmes qui affectent le secteur agricole, à offrir une gamme variée de produits alimentaires sur le marché pour assurer à la majorité des congolais une alimentation équilibrée, produire de manière efficiente et au moindre coût pour augmenter l’accès du plus grand nombre à une alimentation décente, créer des emplois stables et rémunérateurs pour réduire le niveau de pauvreté à travers le pays, réduire significativement la dépendance du pays aux importations des biens alimentaires.

Télécharger la présentation des Parcs Agro-industriels via ce lien.

L’identification des sites potentiels par MOZFOOD & ENERGY Ltd qui a élaboré un Business Plan par site (besoins en infrastructures détaillés : transformation, stockage, etc.) a été réalisée et quatre sites pilotes ont été identifiés, à savoir : un site au Sud Kivu dans la plaine de la Ruzizi, un autre site dans la province du Maniema et deux autres sites dans la province du Bandundu à Bukangalonzo et Mushipentane.

Mais les paysans producteurs sont critiques vis-à-vis de ce programme auquel ils ne sont pas  associés en amont ce qui est un premier handicap. Pour Methusalem Paluku Mivimba, Président de la Confédération Nationale des Producteurs Agricoles (CONAPAC), les PAI vont transformer les paysans en ouvriers dans ces grands espaces en voie de création. Ce programme va  aussi donc réduire les espaces avec un prévisible déplacement massif des paysans au lieu que cela puisse  profiter aux paysans en  allégeant leurs tâches dans la production et permettre de créer une valeur ajoutée.

Paluku Mivimba estime que le lancement de ce programme devrait être soutenu par une réflexion en amont sur  le type d’agriculture à promouvoir, une agriculture d’exportation pour amasser des devises  ou une culture industrielle pour produire le thé, le café, le cacao, le palmier à huile, … ou vivrières ? Et que peuvent faire les petits producteurs en cas de telle ou telle option ? Le Gouvernement devrait réfléchir avec les organisations paysannes pour voir quelle stratégie mettre en place, a-t-il soutenu.

Il déplore également qu’aujourd’hui, les organisations paysannes ne soient pas accompagnées. Pourtant, si les petits producteurs étaient accompagnés, ils pourront certainement être capables de satisfaire le besoin local, national et même international en produits alimentaires. Le Président de la CONAPAC pense qu’il faudra créer un espace de rencontre entre les producteurs agricoles et les investisseurs. Il compte d’ailleurs, pour ce faire, réserver dans les prochains jours un courrier à la Fédération des Entreprises du  Congo pour  solliciter l’ouverture d’un partenariat.

A la place de parcs agro-industriels, Paluku Mivimba propose  un programme alternatif de Villages agricoles à travers lequel on identifierait dans un site, un nombre de producteurs agricoles (au moins vingt) que l’on va financer et accompagner. Chaque producteur agricole  pourra travailler sur 30 hectares.  Ainsi, on pourra avoir 600 ha susceptible de donner une variété des cultures (pas de monoculture comme c’est  le cas avec les PAI)…. Tout autour de ces villages, on pourrait mettre des usines de transformation, des coopératives, etc. pour accompagner le développement intégral de ces sites, a-t-il expliqué.

Pour rappel, ce programme vise à : stimuler la croissance économique nationale et le développement social à travers la création de pôles agricoles.  Ces pôles contribueront à soutenir les programmes de production sur la chaîne d’approvisionnement agricole, permettant ainsi la création de valeurs partagées pour les petits fermiers, les communautés locales, les industries agro-alimentaires et les investisseurs.

Selon le gouvernement, les bénéfices attendus sont entre autres les investissements d’accompagnement : énergie, transport, logement, eau, centres de formation agricoles, écoles professionnelles agricoles, centres de santé et infrastructures communautaires ; les services sociaux et opportunités économiques le long de la chaine de valeur agricole aux personnes vivant dans les zones rurales et la réduction de la pauvreté et l’exode rural.

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