Une filiale de Bolloré épinglée pour sa gestion des terres en Afrique

Medium_130204022131211_16_000_apx_470_La production d’huile de palme devrait doubler d’ici à 2050 (Reuters)

Reuters | 04 février 2013

Une filiale de Bolloré épinglée pour sa gestion des terres en Afrique

Le Oakland Institute, un think-tank américain respecté pour la qualité de ses travaux épingle les pratiques de la Socfin, une filiale du groupe Bolloré en Sierra Leone.

Paroles de paysans recueillies en Sierra Leone par les enquêteurs du Okland Institute. « On leur a dit de ne pas utiliser de produits chimiques dans les plantations avec les femmes enceintes. Et pourtant ils continuent. Nous n’étions pas prêts. L’argent donné n’est pas suffisant. »

Et pas question de manifester. Même de façon pacifique. « La police a arrêté et battu plusieurs d’entre nous. Plus tard dans la nuit, ils sont venus dans le village, frapper à la porte. Les cadres de l’entreprise nous désignaient un par un. Certains d’entre nous ont dû fuir jusqu’à la rivière. Une fois en détention, on nous a dit que nous allions tous pourrir en prison. »

Ce sont des petits agriculteurs de Sierra Leone, un petit pays d'Afrique de l'Ouest. Après une longue guerre civile qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, ils pensaient, enfin, respirer. Et pleurent aujourd’hui leurs terres.

Le rapport qui dérange

Dans un rapport publié sur son site internet, le Oakland Institute épingle la Socfin, l’une des filiales du groupe Bolloré. Cette société détenue à hauteur de 38 % est accusée de ne pas avoir respecté les droits des populations locales. En mars 2011, l’entreprise a pris le contrôle de 6 500 hectares pour développer des cultures d’hévéa et de palmier à huile.

Cette concession établie pour cinquante ans a été négociée au plus haut niveau de l’Etat. Le contrat prévoit des compensations avec la construction d’un hôpital, d’un réseau de route, des écoles et des logements. « Mais les contrats ne respectent pas le consentement libre et éclairé des propriétaires. Pour nous, ce projet est révélateur des dérives constatées un peu partout en Afrique dans cette course aux investissements fonciers », explique Frédéric Mousseau pour le Oakland Institute.

Au siège du groupe Bolloré, on conteste ces accusations. « Ces gens nous accusent mais ne sont pas venus sur place. Et puis, nous sommes minoritaires au sein de la Socfin », précise-t-on. Avant de reconnaître « qu’il peut y avoir des problèmes locaux. Nous devons acquérir des terres sous contrôle de l’Etat et la propriété du sol est compliquée en Afrique. » La demande d'un entretien avec Vincent Bolloré sur ce sujet a été déclinée.

Plusieurs mois d’enquête

Frédéric Mousseau rappelle de son côté le travail de terrain mené pendant plusieurs mois par son organisation basée dans la baie de san Francisco. « Notre directrice Anuradha Mittal a visité Pujehun en février 2012 les personnes et les villages affectés par le projet comme le montrent les images qu’elle a elle-même filmées. Nous avons reçu indirectement une lettre de menace d’action en justice de Socfin, nous demandant de retirer nos publications et de présenter des excuses. Nous avons évidemment refusé. Dans une tribune au journal Le Monde, j’ai repris l’essentiel de mon argumentaire. »

Gestion d’infrastructures portuaires, transport, le groupe Bolloré est devenu un acteur clé en Afrique. Y compris en agriculture. « L’Afrique est un réservoir de matières premières agricoles et sa population devrait doubler d’ici à 2 050, passant de 800 millions à 1,6 milliard d’habitants », précise la direction de la communication du groupe Bolloré.

Le groupe Bolloré et l’agriculture

En France : le groupe Bolloré possède dans la presqu’île de Saint-Tropez 250 hectares de vignes, 550 000 bouteilles par an : domaine Bastide et domaine de La Croix Blanche. La conduite du vignoble est faite en culture raisonnée et dégage un chiffre d’affaires de trois millions d’euros. Il possède également trois fermes (3 000 hectares) aux Etats-Unis qui réalisent un chiffre d’affaires de 1 million d’euros. Au Cameroun, le groupe Bolloré exploite 9 000 hectares dans le secteur de l’huile de palme pour un chiffre d’affaires de 26 millions d’euros.

Vincent Bolloré et l’écologie

L’intervention avait surpris de nombreux agriculteurs. Dans un contexte de marchés chahutés, Vincent Bolloré était intervenu en qualité de grand témoin lors du congrès de la FNSEA, à Auxerre, en avril 2010. « L’image des agriculteurs n’est pas bonne en termes d’écologie alors que ce sont les premiers gardiens de l’écologie », avait-il souligné. Il s’était également dit prêt à investir dans des exploitations agricoles françaises et à financer un film sur l’agriculture. Avec la volonté de corriger l’image, négative selon lui, renvoyée par le documentaire Home de Yann-Arthus Bertrand. Nous avons demandé à son service de communication si ces projets avaient vu le jour. Vincent Bolloré n’a pas souhaité, là non plus, s’exprimer.

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