Le Maroc, nouvel eldorado des investisseurs arabes

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Challenge | 8 mai 2017

Le Maroc, nouvel eldorado des investisseurs arabes

Salim Mansouri

Après la pierre, la terre serait-elle en train de devenir la principale cible des investisseurs arabes au Maroc ? En effet, si les investisseurs du Moyen-Orient qui ont jeté leur dévolu sur le Maroc au cours de la décennie 2005-2015 se comptaient principalement parmi les mastodontes de la promotion immobilière (Sama Dubai, Emaar Properties, Damac Properties, Eagle Hills, Qatari Diar…), l’agriculture s’érige de plus en plus comme un secteur de prédilection pour les IDE (Investissement Direct Étranger) reçus par le Maroc de la part des autres pays arabes.

Aussi, dans la foulée de l’émirati Al Dahra Holding, qui a annoncé récemment un investissement de plus de 150 millions de DH dans la production de la pomme et de fleurs de haute gamme à Azrou, c’est au tour de l’Arab Authority for Agricultural Investment And Development (AAAID) de jeter son dévolu sur la même région (Meknès plus précisément), où elle s’apprête à investir quelque 22 millions de dollars (près de 210 millions de DH) dans la culture maraichère, en partenariat avec un groupe marocain actif dans les métiers agricoles et agroalimentaires. Porté par une joint-venture dont l’organisation panarabe basée à Khartoum (Soudan) devrait détenir 49% contre 51% pour le partenaire marocain qui apporte un domaine de plusieurs centaines d’hectares, le projet sera presque entièrement orienté à l’export vers les pays du Golfe et consiste en grande partie en la mise en place d’une station de réfrigération et une unité d’emballage et de conditionnement dotées de capacités respectives de 6.000 tonnes et de 50.000 T. Le volet industriel ne sera pas en reste, puisque le tiers environ de l’enveloppe d’investissement sera consacré à l’acquisition de deux unités de production aux capacités quasi-identiques de 7.500 tonnes par an chacune : une pour la fabrication du concentré de fruits (destiné à l’industrie du jus industriel) et une autre pour la production de confitures. L’entrée en production du projet est prévue dès fin 2018.

Rappelons que malgré la politique marocaine assez conservatrice en matière de gouvernance foncière des terres agricoles (et notamment depuis le dahir du 02 mars 1973 par lequel la propriété des terrains agricoles ou à vocation agricole situés en totalité ou en partie à l’extérieur des périmètres urbains et détenus par des étrangers a été transférée à l’État marocain), les investissements étrangers dans le domaine agricole ne se sont jamais totalement taris au cours des trois dernières décennies. Certes, leur contribution aux IDE est restée au ras des pâquerettes (moins de 1,5% des IDE attirés par le Maroc en moyenne au cours de la période 1973-2010), mais différentes formes alternatives (association avec des investisseurs marocains qui font leurs apports sous formes de terres, location sur la base de contrat de bail à long terme avec des baux emphytéotiques d’une durée pouvant atteindre 99 ans, contrats de culture…) ont continué à alimenter les flux d’investissement vers le secteur primaire. Et pendant longtemps, ces investissements ont été le fait quasi-exclusif de groupes européens, notamment des acteurs espagnols et français, qui ont délocalisé une partie de leur activité de production au Maroc en vue de garantir un approvisionnement régulier et au moindre coût des marchés européens en produits maraichers, principalement avant que de nouvelles cultures d’exportation n’y soient introduites progressivement telles la floriculture, les asperges, les fraises, les myrtilles, etc.

Avec une position de premier pays arabe en termes de terres arables disponibles et de deuxième producteur de la rive sud-méditerranée en fruits, légumes et blé (après l’Egypte), le Maroc devrait continuer à intéresser des groupes moyen-orientaux opérant dans l’agroalimentaire et désireux de diversifier leur approvisionnement en matières premières après avoir investi massivement, au cours des dernières années, en Egypte et au Soudan pour assurer la sécurité alimentaire de leurs marchés domestiques. Ce qui augure d’une hausse substantielle des exportations marocaines en fruits et légumes qui ont totalisé respectivement près de 560 tonnes et 844 tonnes au titre de l’année 2013 (soit à peine près de 15% de la production nationale).   

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