Le grand marché aux terres

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L’appétence pour l’appropriation de terres — concentration, accaparement, accumulation — n’est pas un phénomène nouveau : il est la marque de la richesse et du pouvoir. Monarques, princes, aristocrates, seigneurs, grands propriétaires, industriels ou investisseurs aujourd’hui, quelque soit l’époque, leur statut et le nom qu’on leur donne, se sont octroyés des droits sur des territoires où vit une population rurale dont les activités tournent autour de l’agriculture vivrière.

Par Agnès Stienne

 

Une page d’histoire

L’Angleterre, puis l’Écosse, aux XVIe et XVIIe siècles, ont été marquées par le passage du droit d’usage sur les communaux (champs ouverts et pâturages communautaires) au système des enclosures qui précipitèrent des milliers de paysans dans la misère. Mis en œuvre sous la houlette du Parlement anglais, sur la demande express des marchands, le « mouvement des enclosures » a confisqué 1,61 million d’hectares de terres cultivées collectivement, pour les attribuer aux notables assortis de titres de propriétés. Commence alors la prolétarisation des paysans sans terre. Les uns deviennent ouvriers dans l’industrie ou l’agriculture, les autres travailleurs saisonniers ou vagabonds. L’« Enclosure Act » au XVIIIe signe la fin définitive des communaux.

Les nouveaux propriétaires clôturent leurs terres et y élèvent des moutons pour produire de la laine dont le commerce, en plein essor, garantit de bons bénéfices. La concurrence de l’utilisation des terres se fait âprement ressentir, et bien plus encore les années de mauvaises récoltes, par la montée vertigineuse des prix de l’alimentation de base. Ceci entrainera des mouvements de révoltes qu’on qualifierait aujourd’hui d’émeutes de la faim.

On retrouve aujourd’hui l’empreinte de cette histoire... Dans un récit publié en 1988 intitulé « Voyage dans les Lowlands », Nicolas Bouvier raconte à propos d’un autostoppeur qu’il a pris à bord de sa voiture :

Il est étudiant en foresterie et redescend dans les Cheviothills où l’on reboise d’immenses surfaces prises sur les terres à moutons, à la grande fureur des bergers, et pour le bénéfice des Landlords qui touchent une subvention de trois livres par arbre mis en terre. »

Révolution vertigineuse

En ce début de XXIe siècle, le pouvoir de la finance et des multinationales se substituent de plus en plus à celui des États et rien ne semble pouvoir freiner cette vague de privatisations et d’accaparement des richesses. Les produits agricoles nourrissent les marchés internationaux et font l’objet de spéculation ; les terres arables sont convoitées par les investisseurs qui par ailleurs renforcent leur contrôle sur toute la chaine alimentaire : semences, eau, intrants chimiques, cultures, productions, transformations, distributions, modes alimentaires et...

…les terres.
 

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    Posted by: Agnès Stienne
  •   Visionscarto
  • 01 November 2016

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