Sénégal : Les deputes impregnés du texte de loi a voter

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Ndèye Fatou Diouf révèle qu’en zone rurale, on voit des étrangers venir prendre les terres au moment où les jeunes et les populations autochtones ne peuvent pas y accéder.
Sud Online | 25/08/2016 
 
Les deputes impregnés du texte de loi a voter
 
Chérif FAYE 
 
La Commission nationale de réforme foncière (CNRF), dans son processus de partage du document de politique foncière avec les différents acteurs, a travaillé avec les députés du peuple hier, mercredi 24 août à Dakar. Histoire de les imprégner du texte de loi qui leur sera soumis au vote dans le futur. Une occasion pour les représentants du peuple de soulever un certain nombre de problèmes liés à l’accaparement des terres et aux dangers qu’il charrie.
 
La version préliminaire du document de politique foncière est présentée hier, mercredi 24 août à Dakar, aux députés par la Commission nationale de réforme foncière (CNRF). Avec pour objectif de les imprégner du contenu de ce document qui leur sera soumis au vote. Cette démarche de la CNRF rentre dans le cadre du renforcement du consensus qui a été construit autour dudit texte qui devra être bientôt remis au président de la République, Macky Sall, après une nette amélioration par les différents acteurs. 
 
«Le document aura un destin qui le fera passer obligatoirement au parlement. C’est pour cette raison que nous avons estimé qu’il faut le partager, dès maintenant, surtout qu’au niveau de l’Assemblée nationale, il y a des élus mais également des gisements d’expériences et de compétences importants qui peuvent permettre de le bonifier», a déclaré Pr Moustapha Sourang, président de la CNRF. Pour lui, les parlementaires ont pour mission de «nous dire, par rapport à leur terroir, à leurs mandants et par rapport aux intérêts du Sénégal, comment il est encore possible d’enrichir le document qui n’est pas encore soumis au président de la République». 
 
UNE DEMARCHE PARTICIPATIVE ET CONSENSUELLE
 
Pr Moustapha Sourang a rappelé que le document qui a été adopté en plénière par le comité technique de la CNRF peut toujours être amélioré. «Il y a des choses qu’on ne peut pas voir immédiatement quand on est engagé dans l’action. Il faut une forme d’humilité qui permet de reconnaitre que le document que nous préparons n’est pas parfait. C’est une démarche intellectuelle à notre niveau et nous estimons qu’il faut toujours l’enrichir en passant par la base», a souligné le président de la CNRF qui a rappelé, au passage, que le texte obtenu est «le fruit de 118 réunions qui ont mobilisé plus de 38.000 personnes sur le terrain». Pr Sourang a également signalé que ce texte est considéré, par rapport à la loi de 2004, comme un document de référence pour le Sénégal, ce qui est une première pour notre pays. 
 
Le député maire de Foundiougne, Babacar Diamé, se prononçant au nom de ses paires, a convoqué l’importance de cette réforme voulue par le chef de l’Etat dans le but de matérialiser sa politique de territorialisation. «Lorsque le président de la République a prévu la territorialisation du développement, il est bien évident que le foncier y occupe une place très importante. Car, c’est par le foncier que nous pourrons susciter le développement par l’investissement», a-t-il laissé entendre tout en rassurant la CNRF de la pertinence de sa démarche.
 
LE FONCIER, UNE BOMBE A DESAMORCER
 
Pour sa part, le député Mansour Sy Djamil a sonné l’alerte par rapport au danger qui guette le Sénégal si la «bombe» foncière n’est pas désamorcée. S’inspirant de l’exemple de Madagascar où l’insécurité s’est installée suite au bradage de plus de 60% des terres, il a demandé d’éclaircir certains points relatifs à l’appartenance de la terre dont se réclament certains. «Nous sommes dans un continent de 600 millions d’hectares, 60% des terres arables. Et si la question foncière est réglée d’une manière rationnelle, on peut régler le problème du chômage. Et si cette question n’est pas réglée, on risque de se retrouver dans la même situation que Madagascar où l’Etat avait vendu à des Coréens 60% de la richesse foncière du pays. Il a fallu un article dans le Financial Times pour que les populations de Madagascar en soient au courant. Et c’est cette question qui a déclenché l’instabilité dans ce pays, et qu’ils vivent jusqu’aujourd’hui», révèle-t-il. 
 
«S’il y a un danger qui peut venir de l’extérieur, il y a également un danger à l’intérieur du pays. Si ce danger n’est pas circonscrit, on risque de se retrouver dans la même situation que Madagascar. C’est une bombe qui peut exploser à tout moment», poursuit-il. Pour lui, il faut s’attaquer à l’antériorité de la propriété. Par exemple si on dit que Doli appartient aux Peulhs, quel est l’acte qui le leur a conféré ? Si quelqu’un déclare qu’une terre appartient à son aïeul, peut-il justifier sur quelle base elle est tombée en sa possession ? Voilà, selon Mansour Sy Djamil, les questions qu’il faut préalablement régler. 
 
Ndèye Fatou Diouf, député de Benno Bokk Yaakaar, a noté que «la réforme foncière est très complexe et nécessite d’être diligenté avec courage». Selon elle, «il est inadmissible, à l’heure actuelle, de voir une seule personne détenir 10 à 60 hectares au moment où il y a des gens qui n’en ont pas». Ndèye Fatou Diouf révèle qu’en zone rurale, on voit des étrangers venir prendre les terres au moment où les jeunes et les populations autochtones ne peuvent pas y accéder. Un problème fondamental qu’il faudrait régler dans le cadre de la réforme. Quand au député Souleymane Diallo, il a indexé les marabouts et les hommes politiques comme étant les principaux spéculateurs fonciers dans notre pays. 
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