Une caravane de la société civile ouest-africaine s'imprègne du litige foncier du Wassadou

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APS | 15 mars 2016

Une caravane de la société civile ouest-africaine s'imprègne du litige foncier du Wassadou

Tambacounda, 15 mars (APS) - Le litige foncier du Wassadou a été largement évoqué lors d'un forum sur l'accaparement des terres, lundi, au centre culturel de Tambacounda (est), où a été reçue la caravane de la Convergence des luttes pour la terre et l'eau en Afrique de l'Ouest.

Au moins 300 caravaniers venus de plusieurs pays de la sous-région - dont le Togo, le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, le Mali, la Guinée et la Sierra Leone - sont arrivés dimanche à  Tambacounda. Ils sont partis de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, depuis le 4 mars, a indiqué Alassane Guissé, le président du comité scientifique de cette manifestation.

L'idée d'organiser cette caravane découle des éditions du Forum social africain en octobre 2014 à  Dakar, et en mars 2015 à  Tunis.

Les mouvements sociaux organisateurs à  l'origine de cette initiative ont fait état de la nécessité d'"une solidarité globale" pour la préservation des ressources naturelles, dont l'eau et la terre.

A Tambacounda, un mémorandum soumis aux autorités locales et gouvernementales par les organisateurs de la caravane a été présenté au public, lors du passage de Tambacounda.

Le public a suivi un documentaire sur la délocalisation des villages du Wassadou (région de Tambacounda) et "le drame socioéconomique" qu'elle a provoqué, surtout depuis 2009.

Pour dérouler un projet d'agrandissement du Parc national du Niokolo-Koba, en 19972, l'Etat du Sénégal avait déplacé trois villages, Badi, Gnongani et Damantan, pour les installer à  Wassadou, à  60 km de Tambacounda, sur la route entre cette ville et Kédougou. Par la suite, le nombre de villages à  déplacer est passé de trois à  14.

Plus tard, il a été signalé que le nouveau site de recasement était constitué de titres fonciers d'une superficie de 3.069 hectares. Ces titres fonciers auraient daté de 1935 et auraient été rachetés en 1958 par le père de Gilbert Khayat, un Sénégalais d'origine libanaise, selon une source proche du dossier. 

A son retour dans le Wassadou en 2009, Gilbert Khayat décide de lancer un projet d'exploitation agricole, le Ranch de Ouassadou (RDO), sur ce qu'il considère comme la propriété de son père, les terres sur lesquelles se sont installés les habitants de 14 villages. 

L'opposition d'une partie des populations à  son projet perçu comme le risque d'une deuxième délocalisation de villages débouche sur de violents heurts. Ces derniers ont valu à  quatre responsables villageois des peines de prison.

"Un dossier sur le litige foncier du Wassadou sera (…) constitué et transmis aux autorités locales et à  la caravane, pour être remis au président Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest", annoncent les organisateurs du voyage entamé le 4 mars à  Ouagadougou.

"Nous estimons que nous ne pouvons pas rester les bras croisés, aux côtés des populations mobilisées", affirme Alassane Guissé, président du comité scientifique de la caravane.

Selon lui, les organisations à  l'origine de la caravane ont eu la "chance" d'avoir rencontré le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, qui a présidé la cérémonie d'ouverture des actions de plaidoyer, à  l'étape de Tambacounda.

M. Guissé laisse même entendre que le contexte du référendum de dimanche prochain est "propice" à  la résolution du litige foncier du Wassadou.

"L'un des points du projet soumis au vote des Sénégalais porte sur l'attribution de nouveaux droits aux citoyens, parmi lesquels le droit au foncier", a-t-il fait remarquer.

Alassane Guissé estime que c'est donc l'occasion de constituer "un lourd dossier" sur ce différend foncier, pour le défendre auprès des autorités sénégalais, dont le président Macky Sall, "à  travers un mémorandum".

"Ce forum est une tribune pour partager ce douloureux problème avec les membres de la caravane, et le mettre côte à  côte avec d'autres cas de litige foncier dans la sous-région, pour s'inspirer des stratégies développées ailleurs" pour résoudre des différends similaires, affirme, en substance, M. Guissé. 

Selon lui, l'étape tambacoundoise de la caravane devrait aussi permettre d'élargir le comité de soutien local, au niveau national, voire sous-régional, afin que le litige foncier du Wassadou soit "résolu" une fois que le dossier parvienne au chef de l'Etat, Macky Sall, "pour le bonheur des populations".

"C'est l'Etat qui est responsable de cette situation en établissant des populations sur le titre foncier [appartenant à  autrui]. C'est à  lui de trouver les voies et moyens de régler définitivement ce problème", estime Alassane Guissé, également secrétaire exécutif du Groupe d'action pour le développement communautaire (GADEC), une ONG active dans la région de Tambacounda.

"Un exercice de simulation d'une indemnisation des victimes, réalisée par des experts, a permis d'évaluer à  cinq milliards de francs CFA le coût de ce domaine. Que représentent cinq milliards pour les cinq mille âmes qui vivent dans cette zone ?" s'est demandé M. Guissé, parlant encore du différend du Wassadou.

Il souhaite que l'Etat du Sénégal saisisse l'"occasion" du référendum et des nouveaux droits octroyés dans le projet de révision constitutionnelle pour résoudre cet important litige lié à  la terre, dans la région de Tambacounda.

La caravane est attendue ce mardi à  Kaolack (centre), puis mercredi à  Diamniadio (ouest). 

Les organisateurs envisagent de remettre un "mémorandum" au ministre sénégalais de l'Intégration africaine et de la Bonne gouvernance, Khadim Diop, a indiqué Pape Banda Dièye, le président du comité d'organisation et d'accueil de la caravane, pour la région de Tambacounda.

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