Accaparement des terres : perdre l’accès à son propre garde-manger


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«Si rien n’est fait, nous nous retrouverons avec un beau grand garde-manger dans notre maison qui est le Témiscamingue et nous ne pourrons même plus nous servir dedans, car ce seront les Chinois qui en seront propriétaires», a déploré Patrick Lafond. (TC Media - Lucie Charest)
La Frontière | 26 janvier 2016

Accaparement des terres : perdre l’accès à son propre garde-manger

Lucie Charest
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La fédération régionale de l’UPA a encore une fois tiré la sonnette d’alarme en apprenant que quatre promesses d’achat de terres témiscamiennes avaient été conclues avec des Asiatiques.

«Où ça nous inquiète, c’est qu’ils viennent chercher notre garde-manger en région au lieu de le dynamiser en région», a déclaré Patrick Lafond, vice-président du syndicat local de l’UPA du Témiscamingue et responsable du dossier de l’accaparement des terres.

Plus de 7300 hectares de terres agricoles ont été acquis par des non-résidents de la région entre 2009 et 2015, principalement au Témiscamingue et en Abitibi-Ouest soit près de 90 % des superficies transigées. Ces données, compilées à partir de 39 transactions, totalisent plus de 15 M$. À celles-ci s’ajoutent les 1335 hectares qui ont récemment fait l’objet de promesses d’achat au Témiscamingue par des investisseurs asiatiques.

En mode vigie

Depuis plusieurs années, le Syndicat local exerce une vigie sur les transactions des terres agricoles en sol témiscamien. Au cours des derniers mois, la venue d’Asiatiques distribuant leurs cartes d’affaires aux producteurs locaux a eu l’effet d’une goutte de vitriol dans une plaie déjà ouverte.

Ni les producteurs au seuil de la retraite qui vendent leurs terres, ni la relève qui n’a pas tous les outils pour investir, ne sauraient être blâmés pour ce fléau, selon M. Lafond. Le problème serait encore plus profond et se situerait plutôt dans la cour du gouvernement qui en signant des ententes de libre échange donne aussi le libre accès à l’achat de nos terres sans se préoccuper de la pérennité des productions locales.

«Si rien n’est fait, nous nous retrouverons avec un beau grand garde-manger dans notre maison qui est le Témiscamingue et nous ne pourrons même plus nous servir dedans, car ce seront les Chinois qui en seront propriétaires», a déploré Patrick Lafond.

«Le gouvernement doit démontrer qu’il a à cœur la pérennité du modèle agricole québécois basé sur des agriculteurs de métier qui habitent le territoire et dynamisent les milieux ruraux, a renchéri Sylvain Vachon, président de la fédération régionale de l’UPA. Il doit soutenir ceux qui assurent la sécurité alimentaire de la province et du pays. L’inaction a assez duré, il est plus que temps d’agir.» Pour M. Vachon, limiter les achats de terres à 100 hectares par année par les acheteurs extérieurs et réviser les programmes qui favorisent la relève font partie de solutions à privilégier.
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