Les investissements chinois donnent un coup de pouce à l'économie zimbabweenne

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Des ouvriers sur les champs de blé de Zim-China Wanjin Agricultural Development Co Ltd. (Photo: China Daily)
CRI | 1 décembre 2015

Les investissements chinois donnent un coup de pouce à l'économie zimbabweenne 

Au bord d'une route poussiéreuse menant à une grande ville du nord du Zimbabwe, le gestionnaire agricole Charles Zimora surveille un tracteur rouge qui laboure une terre sèche et craquelée sous un soleil de plomb.
 
Portant une combinaison de travail bleue un peu lâche et une casquette de baseball élimée, il a le regard avisé de ceux qui comptent trente ans d'expérience dans l'agriculture.
 
C'est en 1987 qui'il découvre ce métier alors qu'il n'est encore qu'un adolescent, se formant auprès de fermiers blancs. Il travaille ensuite à la ferme Hunyani près de la ville de Chinoyi, une exploitation agricole expérimentale gérée par l'Université de technologie de Chinoyi. Elle sera ensuite louée en 2011 à une societé à capitaux mixtes sino-zimbabwéens qui y cultivera des céréales (maïs, blé et graines de soja).
 
Conservé à l'époque en tant que gestionnaire, Charles Zimora supervise aujourd'hui 32 ouvriers agricoles permanents et des dizaines de saisonniers, généralement embauchés pour les récoltes sur cette exploitation de 800 hectares de terres arables.
 
"C'est beaucoup mieux pour nous que les Chinois exploitent ces terres", confie M. Zimora. "Ils ont apporté des machines, des intrants agricoles, des tours d'irrigation à pivot central. Quand on travaillait pour l'université, on ne pouvait pas labourer tous ces hectares comme on le fait aujourd'hui".
 
L'agriculteur indique qu'il est mieux payé qu'avant et qu'il y a plus d'embauches. Mais ce qui compte le plus, c'est l'injection de capitaux étrangers dans un secteur où la plupart des petits agriculteurs locaux, dont ceux expérimentés comme M. Zimora, ne pouvaient pas décrocher des prêts pour leur propre exploitation. Faute d'argent, "on ne peut pas acheter des intrants agricoles et construire des installations", résume-t-il.
 
REGARDER VERS L'ORIENT
 
Alors qu'il parle, le tracteur passe devant. Son brillant logo "YTO" révèle que c'est un modèle de la célèbre marque chinoise Dongfanghong (L'Orient est rouge, NDLR), un nom indissociable de la révolution de Mao Zedong, fondateur de la République populaire de Chine en 1949.
 
On peut dater les liens entre le Zimbabwe et la Chine au début des années 1960, lorsque des indépendantistes de l'Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) menés par Robert Mugabe ont reçu de la Chine des armes et une formation militaire pour les aider dans leur lutte contre le régime d'apartheid de la Rhodésie.
 
A son indépendance en 1980, le Zimbabwe a hérité d'un secteur agricole en plein essor, qualifié de "grenier à blé de l'Afrique". Mais cela n'a pas duré. Suite à la réforme agraire du début des années 2000, l'Occident a retiré ses capitaux, imposé des sanctions, tandis que les fermiers blancs autrefois prospères ont fui de ce pays enclavé d'Afrique australe.
 
La première décennie du XXIe siècle a vu de nombreuses exploitations agricoles être abandonnées, tandis que la production agricole du pays a nettement chuté, faisant d'un Zimbabwe autrefois exportateur de nourriture un importateur net.
 
Ancien héros de la lutte pour l'indépendance, le président Robert Mugabe a alors lancé en 2002 sa politique "Regarder vers l'Orient", poussant le Zimbabwe à nouer des liens plus étroits avec les pays asiatiques émergents, en particulier la Chine, au lieu de compter sur ses partenaires traditionnels occidentaux.
 
Aujourd'hui, la Chine est devenue le premier investisseur étranger au Zimbabwe. Et l'agriculture, pilier de l'économie zimbabwéenne, est financée par des investissements chinois en pleine croissance.
 
Wanjin, la joint-venture de développement agricole sino-zimbabwéenne qui gère la ferme Hunyani, a ainsi investi 15 millions de dollars dans dix exploitations à travers le pays depuis sa création en décembre 2010, souligne le directeur général de l'entreprise, He Hongshun.
 
Dans le cadre de Wanjin, la partie chinoise apporte les capitaux, les technologies et se charge de la gestion, tandis que la partie zimbabwéenne -le ministère de la Défense- fournit le terrain. L'intégralité des récoltes, des céréales pour la plupart, est vendue localement.
 
"Nous venons ici pour restaurer des exploitations désertées. Quand nous sommes arrivés, il y avait de mauvaises herbes partout", se souvient M. He. "On a commencé avec deux exploitations et on en est désormais à dix. L'an dernier, notre production céréalière a atteint plus de 10.000 tonnes, contribuant à la sécurité alimentaire du Zimbabwe".
 
Outre la nourriture, a-t-il indiqué, les habitants locaux profitent des emplois créés, ainsi que d'un approvisionnement en électricité et en eau potable. C'est ainsi que les investisseurs chinois sont devenus les nouveaux voisins des Zimbabwéens.

FEUILLE DOREE
 
Le ministre zimbabwéen de l'Agriculture, Joseph Made, a indiqué que la Chine et le Zimbabwe entretenaient une coopération très variée en matière d'agriculture, et plus particulièrement dans la culture du tabac.
 
Le Zimbabwe vend 95% de son tabac à l'étranger. En 2014, environ 40% de ses exportations de tabac étaient destinées à la Chine.
 
Zhang Heng, directeur général de la Tianze Tobacco Company, filiale zimbabwéenne de la China Tobacco Corporation, rappelle que sa société a été fondée en 2005, alors que le marché local était largement dominé par le géant britannique British American Tobacco (BAT) et plusieurs entreprises locales appartenant à des exploitants blancs.
 
Mais au fil des ans, Tianze a réussi à se tailler une part majeure sur le marché grâce à la demande soutenue de la Chine et à un régime d'agriculture contractuelle florissant.
 
Sous un tel régime, Tianze offre des prêts sans intérêt aux cultivateurs afin qu'ils achètent des intrants agricoles et reçoivent régulièrement des conseils techniques. Les agriculteurs sont censés vendre leur production à la société pour rembourser ces prêts et empocher la différence. Ceux qui ont un bon historique de paiement obtiennent davantage d'investissements l'année suivante.
 
Cloudy Nyakonda, un cultivateur local qui a rejoint le programme de Tianze en 2007, s'attend cette année à une récolte de 500 tonnes de feuilles de tabac sur sa ferme de 150 hectares.
 
"Après avoir payé tous les frais généraux, il en reste assez pour moi et ma famille. J'ai réussi à construire une belle maison sur ma propriété et je peux envoyer mes enfants dans de meilleures écoles", ajoute-t-il.
  •   CRI
  • 01 December 2015

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