Accaparement des terres agricoles: «il faudra une volonté politique», plaide l'UPA

 

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Le président de l'UPA, Marcel Groleau, martèle qu'il n'y a aucun intérêt - ni pour l'agriculture ni pour le Québec - à ce que des fonds d'investissement viennent accaparer les terres cultivables. Photothèque Le Soleil, Yan Doublet

La Presse | 2 mars 2015

Accaparement des terres agricoles: «il faudra une volonté politique», plaide l'UPA

Yves Therrien

(Québec) Si le président de l'Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau, est heureux que la Commission de l'agriculture tienne enfin des audiences sur l'accaparement des terres agricoles par les fonds d'investissement, les 16 et 17 mars, il craint le manque de volonté politique pour faire changer les choses.

«Depuis trois ans, nous dénonçons cette situation, affirme-t-il avec conviction. Les fonds d'investissement n'ont aucun intérêt dans l'agriculture. Leur but, c'est de faire des profits. Depuis 2008, après le krach boursier, les terres agricoles sont devenues des valeurs refuges.»

Le phénomène existe en Afrique avec les achats par des groupes de la Corée du Sud et de la Chine, mais ces achats sont faits pour assurer la sécurité alimentaire des pays concernés. Au Québec, ce n'est pas le cas.

M. Groleau donne en exemple qu'il ne se fait pas d'achat de terres dans la Montérégie, où les terres se vendent déjà à fort prix. Il n'y a pas de rendement pour les fonds d'investissement dans cette région.

Par contre, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Témiscamingue et dans Kamouraska, les possibilités de retour sur l'investissement sont importantes.

«Mais ça n'aide pas les agriculteurs qui veulent consolider leur production en achetant des terres. Et ça nuit à la relève agricole, maintient M. Groleau, car les fonds deviennent un joueur de plus sur le marché qui n'a pas à chercher de financement. Ils disent payer la valeur marchande. Toutefois, ils sont aussi prêts et capables de payer un peu plus que le petit agriculteur pourrait se permettre, car lui devra emprunter pour acheter la terre.»

Le président de l'UPA martèle qu'il n'y a aucun intérêt - ni pour l'agriculture ni pour le Québec - à ce que des fonds d'investissement viennent accaparer les terres qui pourraient être cultivées. Au contraire, leur présence ajoute à la spéculation et partout où ces fonds sont présents, les prix ont grimpé de 50 %.

«Il faudra une volonté politique claire pour que la situation change, continue-t-il, car je n'ai pas senti que le ministre de l'Agriculture prenait la situation au sérieux.»

Limiter l'achat

Au dernier congrès de l'UPA, la résolution qui a été adoptée suggère que l'achat de terre soit limité à 100 hectares par année par personne, soit la superficie moyenne d'une terre au Québec. Les fonds d'investissement achètent généralement 1000 hectares à la fois pour avoir un bloc intéressant à gérer.

Selon la proposition de l'UPA, un fonds mettrait alors 10 ans avant d'atteindre son objectif, ce qui rendrait l'investissement beaucoup moins intéressant et laisserait la place aux vrais producteurs et à la relève agricole intéressés par le rendement de production de la terre, non par les profits que pourra générer la vente plus tard.

Site Web à propos de la commission et de son mandat : http://tinyurl.com/nxgb9n

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