Climat : l’agriculture doit être au coeur des négociations

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Le système alimentaire industriel contribue fortement au rechauffement climatique. (Source: GRAIN et La Via Campesina, 2014)

Secours Catholique 20/02/2015

Climat : l’agriculture doit être au coeur des négociations

Un forum international « Agriculture et changement climatique » se tient à Paris le 20 février à la veille de l’ouverture du salon international de l’agriculture. Jean Vettraino, chargé de plaidoyer pour le Secours Catholique, y représente la société civile.

Pourquoi avez-vous accepté l’invitation du ministère des affaires étrangères et du développement international et du ministère de l’agriculture à participer à ce forum ?

La société civile a un grand rôle à jouer dans les débats liés au climat. Elle doit rappeler qu’il y a d’autres modes de développement possibles. Unique représentant de la société civile à intervenir lors de cet événement, j’ai donc l’opportunité d’y porter la parole de Coordination Sud, dont le Secours Catholique est membre, et du Réseau action climat (RAC) France avec qui nous travaillons sur ce sujet.

Le climat est une menace structurelle pour la sécurité alimentaire. Il serait possible aujourd’hui de voir la production agricole augmenter et d’assister malgré tout à une progression de la faim. Il est donc impératif de traiter la question de l’accès à l’alimentation, qui, comme la production agricole, est menacée par le réchauffement climatique.

En effet, quand en 2010, la Russie est frappée par une sécheresse sans précédent et bloque en conséquence ses exportations, cela a des répercussions dramatiques pour les populations privées de ses produits agricoles.

La tenue d’une telle conférence en France n’est-elle pas un signe positif quant à la place de l’agriculture et donc de l’alimentation dans les négociations sur le climat ?

En effet, il est encourageant de voir que l’agriculture est de plus en plus prise en compte dans le domaine des changements climatiques. Toutefois, ce forum semble garder une approche productiviste, compétitive et technologique du monde agricole. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’agriculture n’aura pas de place à part entière dans le futur accord mondial qui devrait être signé en décembre à Paris lors de la 21ème conférence des Nations unies sur le climat (COP21), tout du moins pas dans sa partie contraignante.

Les politiques publiques liées à l’agriculture pour lutter contre le dérèglement climatique sont décidées à la marge des négociations de manière peu lisible et sans implication citoyenne. Pourtant, la faim est une question sociale et politique. Les réponses au problème de la faim, amplifié par le changement climatique, devraient donc être sociales et politiques avant tout.

Quel est le point sur lequel vous souhaitez attirer l’attention lors de ce forum ?

Je souhaite interroger les fausses solutions qui peuvent être avancées, à commencer par les agrocarburants qui provoquent une importante pression foncière et un accaparement des terres. Je veux également rappeler qu’il faut garder une extrême vigilance sur l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat.

Quelles sont les recommandations de la société civile ?

L’agroécologie est, selon la société civile, l’une des meilleures solutions pour faire face aux défis de la faim et des changements climatiques. C’est une approche qui permet aux agriculteurs d’intensifier les processus naturels en se basant sur les écosystèmes locaux. Ainsi, ils dépendent moins des pesticides et des engrais chimiques. Ce procédé permet également d’augmenter les espaces de stockage de carbone dans la biomasse. Par ailleurs, il est prouvé que les sols exploités en agroécologie résistent mieux aux catastrophes naturelles que ceux utilisés pour la monoculture. Enfin, c’est un modèle agricole qui demande beaucoup de main d’œuvre et qui permet donc de créer de l’emploi.

Il faut également travailler sérieusement aux modes d’organisation collective (gouvernance des territoires, formation, etc.) et donner la priorité à l’accompagnement et au renforcement des organisations paysannes. Leur participation est essentielle à l’élaboration des politiques publiques.

Propos recueillis par Clémence Véran-Richard

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