Le Cameroun recherche un investisseur privé pour le complexe sucrier de Batouri, d’une capacité de 60 000 tonnes

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Agence Ecofin | 24 novembre 2014

Le Cameroun recherche un investisseur privé pour le complexe sucrier de Batouri, d’une capacité de 60 000 tonnes

Après une bataille par communiqués de presse interposés, entre le ministre camerounais de l’Industrie, Emmanuel Bondé, et des responsables de la société indo-camerounaise Justin Sugar Mills, qui pilotait un projet de création d’un complexe sucrier à Batouri, dans la région de l’Est du Cameroun, la rupture semble officiellement consommée entre les deux parties. Cette rupture de la collaboration a pris la forme d’un appel à manifestation d’intérêt rendu public le 20 novembre 2014 par le ministre de l’Industrie, pour la «sélection d’un investisseur privé, en vue de la création et de l’exploitation d’un complexe agro-industriel sucrier dans l’interzone Bertoua-Batouri dans la région de l’Est» du Cameroun. Les investisseurs intéressés ont 10 semaines, à compter du 20 novembre 2014, pour déposer leurs offres.

Selon l’appel d’offre gouvernemental, le projet sucrier de Batouri consiste en l’exploitation d’une superficie minimale de 32 000 hectares pour la production de la canne sucre. Cette matière première sera ensuite transformée grâce à une usine à construire surplace, afin de résorber le déficit de la production nationale qui oscille entre 60 et 90 000 tonnes, et profiter des opportunités offertes par le marché sou-régional.

L’appel à manifestation d’intérêt que vient de lancer le gouvernement camerounais avait été annoncé par le ministre de l’Industrie dans un communiqué daté du 26 juin 2014, dans lequel Emmanuel Bondé révélait la résiliation du protocole d’accord conclu le 13 avril 2012 avec la société indo-camerounaise, Justin Sugar Mills, pour la mise en place d’un complexe sucrier dans la ville de Batouri, située dans la région de l’Est du Cameroun.

Emmanuel Bondé faisait savoir que la décision du gouvernement est consécutive à «des dysfonctionnements (relevés par le cabinet international d’audit Ernst & Young) dans l’application dudit protocole d’accord, de même que dans la réalisation du projet». Ce membre du gouvernement camerounais avait par ailleurs précisé que le site affecté au projet a été «immédiatement» repris par l’Etat, avec interdiction à la société Justin Sugar Mills d’y accéder.

Bras de fer

Le 6 août 2014, Justin Sugar Mills balayait d’un revers de la main le communiqué du ministre de l’Industrie, sous la plume de son directeur financier et des investissements, J. C. Geut. «Justin Sugar Mills Cameroon SA n’a jamais été informé d’une quelconque décision de l’Etat du Cameroun pour arrêter un projet privé aussi important et à but collectif, vecteur de développement de la région de l’Est et espoir des jeunes chômeurs de tout un pays. Justin Sugar Mills considère que les opinions médiatisées, outre que celles de l’entreprise et de l’Etat du Cameroun, servent à manipuler, à décourager ou à saboter la réalisation de ce projet de développement communautaire et de lutte contre la pauvreté, qu’un lobby aux intérêts purement personnels s’évertue depuis des années à s’accaparer sans succès», avait écrit J. C. Geut.

Une posture teintée de défiance, dans la mesure où M. Geut affirmait qu’au cours d’une réunion tenue le jour même où le ministre de l’Industrie annonçait la résiliation de la convention avec Justin Sugar Mills, «le Premier ministre a exprimé la nécessité de la concurrence dans l’industrie sucrière camerounaise et a réaffirmé, comme d’habitude, le soutien total de l’Etat du Cameroun à notre projet, suivant le protocole d’accord signé le 13 avril 2012, qui accorde une exclusivité à la société Justin Sugar Mills Cameroon SA, pour réaliser le complexe sucrier dans l’interzone Bertoua-Batouri, pour ainsi garantir 17 500 emplois aux Camerounais». Des propos que vient fragiliser l’appel à manifestation d’intérêt lancé par le gouvernement camerounais le 20 novembre dernier.

De la concurrence pour Sosucam en perspective

Pour rappel, investissement d’un montant total de 60 milliards de francs Cfa, le complexe sucrier de Batouri devait être opérationnel depuis janvier 2014, n’eurent été les difficultés multiformes qui continuent d’émailler la conduite de ce projet, lequel est censé donner naissance au premier véritable concurrent du groupe français Vilgrain, dans la production du sucre au Cameroun.

En effet, sa filiale locale, Sosucam, est la seule à produire le sucre et sa matière première qu’est la canne. De ce fait, elle a des contrats de fourniture de matière première (sucre en poudre) aux agglomérées locales (transformateurs de sucre en poudre en carreaux), qui, malheureusement, se plaignent généralement de ne pas toujours pouvoir s’approvisionner auprès de ce fournisseur et se trouvent très souvent obligées d’importer. Ce qui augmente leurs coûts de production.

Dans la même veine que Sosucam, Justin Sugar Mills, qui est déjà présent dans l’industrie sucrière au Nigéria, en Tanzanie et en RD Congo, prévoyait au Cameroun, dans un premier temps, la création de plantations de cannes à sucre sur 15 000 hectares, sur une superficie totale de 155 000 hectares attribuée à l’entreprise sur les sites de Tikondi et Bodongoué, dans l’arrondissement de Batouri. Avec son usine d’une capacité de production initiale de 60 000 tonnes par an, le complexe sucrier de Batouri ambitionne également de produire de l’énergie, pour son fonctionnement et l’électrification rurale, grâce aux déchets de canne à sucre.

Brice R. Mbodiam

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